• 13 déc 2019
  • Honduras
  • Communiqué de presse

Au Honduras, nos efforts ont permis une avancée importante destinée à « Justice pour Berta ».

par Kathy Price

Depuis le meurtre de l’emblématique défenseure des sources d’eau autochtones, Berta Càceres, « Justice pour Berta » est un cri d’appel à la mobilisation qui a résonné au Honduras et à travers le monde. 

La leader Lenca a été internationalement reconnue et récompensée avec le prestigieux Goldman Environmental Prize pour ses efforts dans la lutte contre la construction du Agua Zarca dam sur une rivière considérée sacrée et vitale pour les droits de son peuple. Chez elle, Berta reçu des menaces de mort. Peu de temps après, des hommes armés ont débarqué et l’ont abattue chez elle le 2 mars 2016.

Dans un pays où l’impunité pour ce genre de crime est la norme – et étant par conséquent le feu vert pour de nouvelles violences - il y’a enfin eu une avancée dans la lutte contre celles-ci.

Crédits photo: Berta Càceres lors d’une veillée en son honneur à l’extérieur de la Cour du Honduras ou le verdict des condamnations a été rendu le 2 décembre 2019.

Tous les crédits de cette photo et de celles qui suivent sur le blog sont la propriété de COPINH. Voir  https://www.facebook.com/copinh.intibuca/ pour plus d’informations.

Le 2 décembre, sept personnes ont été condamnées entre 30 et 50 années de prison pour leur implication dans le meurtre de Berta.

Parmi les inculpés, quatre hommes de main – Henry Javier Hernández, Edilson Duarte Meza, Elvin Rapalo and Óscar Torres. Chacun d’eux a été condamné à 34 ans de prison pour le meurtre de Berta, en plus des 16 ans et 4 mois pour la tentative de meurtre de Gustavo Castro, un environnementaliste qui été sur les lieux quand le groupe de tireurs a fait irruption. Il a été touché par balles mais a survécu en se faisant passer pour mort ce jour-là.

En plus des hommes de main, Sergio Ramon Rodriguez, le directeur de Dasarrollos Energeticos (DESA), la compagnie responsable de la construction du Agua Zarca dam, et Douglas Geovanny Bustillo, l’ancien chef de sécurité de la compagnie, ont été condamnés jusqu’à 30 ans et 6 mois pour leur implication dans le meurtre. La septième personne, Mariano Diaz Chavez, commandant d’armée à l’époque a lui été condamné à 30 ans. Les procureurs ont soumis la preuve que Diaz a participé à des missions de reconnaissance avec Bustillo. Il a aussi fourni l’arme et le support logistique pour un plan qui visait à l’assassinat de Berta en 2015 mais fut annulé.

À l’extérieur de la Cour de Justice, la famille de Berta et son organisation, COPINH, ont nommés les condamnations comme étant : « les premières fissures sur le mur de l’impunité ».

Lors d’une veillée surveillée de façon menaçante par la police en tenue anti-émeute, des bougies ont été allumées pour Berta. Durant la diffusion de la veillée via un live Facebook, COPINH a reconnu le soutien des activistes d’amnistie Canada qui ont permis la signature de plus de 60 000 pétitions et cartes postales envoyées aux autorités honduriennes dans les trois dernières années. Selon COPINH, c’est la solidarité internationale du monde entier, combinée avec les efforts de la famille de Berta et de la communauté hondurienne qui ont permis les progrès de ce cas emblématique d’une importance capitale pour toutes celles et ceux qui cherchent à protéger les droits autochtones et les droits de l’environnement.

Cependant, la fille de Berta : Berthita Zuniga Càceres rappelle à tous et toutes que le combat est loin d’être terminé.

Elle s’est ainsi exprimée :

- « La véritable justice est de s’assurer que toutes les personnes ayant orchestré, donné les ordres et fourni le financement lié à l’assassinat de ma mère puissent aussi faire face à la justice. »

- « Les personnes responsables de la procuration doivent cesser de chercher des excuses à l’inaction en dépit des preuves en leur possession ».  

Le cadre de DESA, David Castillo a été reconnu en mars 2018 comme étant un auteur intellectuel du meurtre de Berta. Il a été aussi accusé de corruption en lien avec la concession du Agua Zarca dam. Deux années plus tard, David Castillo est toujours attendu à la barre.

Selon le reportage de la journaliste Nina Lakhani pour The Guardian, la famille de Berta à soumis une application envers la Cour fédérale des États-Unis pour une assignation à comparaitre les archives bancaires liées à une villa de luxe au Texas d’une valeur de 1.4 millions de dollars et achetée par David Castillo 8 mois après le meurtre, plaidant que le document pourrait aider à identifier des individus qui n’ont pas encore été reconnus dans ce crime.

En 2017, un panel d’investigation indépendant a soumis un rapport qui suppose l’implication d’agents de l’État hondurien, des cadres supérieurs de DESA et des structures parallèles aux forces sécuritaires de l’État.

Amnistie internationale continuera de mettre en œuvre les moyens de pression nécessaires afin de s’assurer que TOUTES les personnes responsables dans l’assassinat de Berta Caceres soient identifiées et mises devant la justice