Face à la réponse brutale de la police, il faut sans délai mener des investigations
Amnistie internationale demande l’ouverture d’une enquête immédiate, approfondie et indépendante sur le recours à la force par la police antiémeute, qui a tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes sur des manifestants à Tbilissi, en Géorgie. Levan Asatiani, responsable du travail de campagne sur le Caucase du Sud à Amnistie internationale, qui se trouvait sur le terrain à Tbilissi, a déclaré :
« Des témoins ont raconté avoir vu, incrédules, la police tirer des balles en caoutchouc sans discernement sur la foule. Des images vidéo confirment ces témoignages de tirs au hasard. Les balles en caoutchouc peuvent causer de graves blessures et ne doivent jamais être tirées sans discrimination pour disperser une foule. La police a le devoir de maintenir l’ordre public et de réagir face à la violence, mais sa réponse doit être nécessaire et proportionnée. Les scènes inquiétantes auxquelles nous avons assisté à Tbilissi ce matin témoignent d’une incapacité totale à faire la distinction entre le petit groupe de manifestants violents et la majorité pacifique.
« La réaction brutale de la police s’est traduite par de nombreux blessés, parmi lesquels au moins 31 journalistes. La plupart ont été touchés par des balles en caoutchouc, alors qu’ils étaient clairement identifiables comme étant des journalistes tentant de couvrir les manifestations. Amnistie internationale demande l’ouverture dans les meilleurs délais d’une enquête approfondie et indépendante sur ces événements. De nouvelles manifestations auront sans doute lieu et il est impératif que les policiers reçoivent l’ordre de faire preuve de retenue et de respecter le droit à la liberté d’expression pacifique. »
Complément d’information
Des manifestations aux slogans anti-Russes ont éclaté dans la capitale géorgienne Tbilissi après qu’un député russe, Sergueï Gavrilov, s'est adressé depuis la tribune du président au Parlement géorgien dans le cadre d’un événement régional interparlementaire. La session a été suspendue, mais des manifestants ont tenté d’investir le Parlement, exigeant la démission de hauts responsables du gouvernement.
En 2008, la Géorgie et la Russie étaient en guerre au sujet de la région géorgienne séparatiste d’Ossétie du Sud/région de Tskhinvali, où la Russie maintient une présence militaire après l’avoir reconnue unilatéralement en tant qu’État indépendant. Le conflit et ses répercussions ont donné lieu à de nombreuses violations des droits humains, notamment au déplacement forcé de milliers de personnes, principalement des Géorgiens, et continuent de porter préjudice aux droits des populations locales.