La présidence égyptienne de l’Union africaine ne doit pas compromettre les engagements en matière de droits humains
Les États membres de l’Union africaine doivent veiller à ce que la présidence égyptienne ne sape pas les mécanismes de cette organisation relatifs aux droits humains, a déclaré Amnistie internationale le 8 février. Le président égyptien Abdel Fattah al Sisi endossera les fonctions de président de l’Union africaine le 10 février, lors de la 32e session ordinaire de l’organisation qui se tiendra à Addis-Abeba, en Éthiopie.
« Depuis son accession au pouvoir, le président Abdel Fattah al Sisi a fait preuve d’un mépris flagrant à l’égard des droits humains. Le pays a connu sous son régime un recul catastrophique des droits et des libertés, a déclaré Najia Bounaim, directrice du travail de campagne pour l’Afrique du Nord à Amnistie internationale.
« La présidence égyptienne de l’Union africaine risque donc d’avoir de graves répercussions sur l’indépendance des mécanismes régionaux relatifs aux droits humains et sur leurs futures relations avec la société civile. »
Depuis 2015, l’Égypte orchestre une offensive politique violente et soutenue contre la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, mécanisme chargé de surveiller le bilan en matière de droits humains des pays africains. De nombreux cas de violations graves des droits humains mettant en cause l’Égypte ont été soumis à la CADHP.
Les autorités égyptiennes se sont rendues responsables de divers massacres de manifestants et de nombreuses disparitions forcées, et elles ont condamné à mort des centaines de personnes à l’issue de procès iniques. Les autorités ont aussi orchestré la pire répression exercée contre la liberté d'expression dans l’histoire récente du pays.
Le Parlement égyptien examine actuellement plusieurs propositions de modification de la Constitution visant à élargir le champ de compétence des tribunaux militaires, à saper l’indépendance de la justice et à permettre au président Abdel Fattah al Sisi de se maintenir à la présidence du pays jusqu’en 2034.
« Les États membres de l’Union africaine doivent veiller à ce que l’Égypte, qui va diriger politiquement l’Union africaine en 2019, défende les valeurs et les principes de cette organisation, notamment le respect des droits humains et des droits des peuples », a déclaré Najia Bounaim.
Amnistie internationale a également demandé à l’Égypte de ratifier des normes essentielles en matière de droits humains adoptées par l’Union africaine, notamment le Protocole de Maputo relatif aux droits des femmes en Afrique, le Protocole portant création d’une Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples et la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. »