Condamnation « honteuse » de deux hommes soumis à une disparition forcée et torturés alors qu’ils étaient mineurs
Après la condamnation à 10 ans d’emprisonnement d’Aser Mohamed et Karim Hemada, qui ont été soumis à une disparition forcée et torturés pour leur arracher des « aveux » lorsqu’ils avaient respectivement 14 et 17 ans, Najia Bounaim, directrice du travail de campagne pour l’Afrique du Nord à Amnistie internationale, a déclaré :
« Le jugement honteux prononcé aujourd’hui à l’issue d’un procès manifestement inique montre le profond mépris des autorités égyptiennes pour les droits des enfants. Karim Hemada et Aser Mohamed ont été soumis à une disparition forcée, ont vécu un calvaire en détention et ont été victimes d’une injustice scandaleuse.
« Les conditions de détention inhumaines violent le droit international et la Constitution égyptienne et devraient être une tache sur la conscience des autorités. Au lieu d’aggraver l’injustice qu’elles ont déjà infligée à deux jeunes hommes en les emprisonnant pour des années, les autorités égyptiennes doivent annuler leur condamnation, les remettre immédiatement en liberté et lancer une enquête sur leur disparition forcée et leurs allégations de torture. »
Si ces deux hommes doivent être rejugés, leur procès doit être équitable et respecter les principes de la justice pour mineurs.
Aux termes du droit international, les mineurs privés de liberté doivent être traités avec humanité et détenus séparément des adultes.
Complément d’information
Le tribunal pénal du Caire a rendu son jugement dans ce procès le 12 octobre, condamnant six des accusés à la peine de mort, huit à la réclusion à perpétuité et 12 à 10 ans d’emprisonnement.
Karim Hemada a été arrêté alors qu’il avait 17 ans lors d’une descente effectuée à son domicile à Guizeh, en janvier 2016. Soumis à une disparition forcée pendant 42 jours, il a déclaré avoir reçu des décharges électriques visant à lui extorquer des « aveux » durant cette période.
Aser Mohamed a été arrêté en janvier 2016 et soumis à une disparition forcée pendant 35 jours alors qu’il n’avait que 14 ans. Il a été détenu illégalement avec des adultes, et les enquêteurs lui ont infligé des décharges électriques et l’ont suspendu pendant des heures par les membres pour qu’il « avoue » des crimes qu’il affirme ne pas avoir commis, tels que l’« appartenance à un groupe terroriste » et un attentat contre un hôtel. Il a été condamné à 10 ans de prison au terme d’un procès d’une iniquité flagrante.
Aser Mohamed a été poursuivi, détenu et condamné aux côtés d’adultes.