• 28 mai 2019
  • Brésil
  • Communiqué de presse

Amnistie internationale déplore que les autorités soient si peu réceptives à ses demandes pour débattre de la question des droits humains

Le 21 mai 2019, Amnistie internationale a lancé sa campagne Brazil for Everyone (« Un Brésil pour tout le monde »), qui expose ses préoccupations et ses recommandations en vue de garantir, de protéger et de promouvoir les droits humains dans le pays, cinq mois après l’arrivée au pouvoir du président Jair Bolsonaro.

Elle a fait part de ses positions dans une lettre ouverte adressée à Jair Bolsonaro que la directrice exécutive d’Amnistie internationale Brésil, Jurema Werneck, et la directrice du programme Amériques d’Amnistie internationale, Erika Guevara-Rosas, souhaitent lui remettre personnellement à Brasilia, où elles sollicitent des rencontres avec des représentants du gouvernement jusqu’au jeudi 23 mai. Lundi 20 mai après-midi, le ministère des Femmes, de la Famille et des Droits humains et le ministère des Affaires étrangères ont publié une déclaration conjointe affirmant qu’ils étaient prêts à dialoguer avec Amnistie internationale.

Jurema Werneck a déclaré : « Nous espérions que les autorités se montreraient plus réceptives et espérons que la volonté d’engager le dialogue exprimée dans la déclaration interministérielle deviendra réalité. Nous avons sollicité une rencontre avec le président Jair Bolsonaro, qui a transmis notre requête à la ministre des Femmes, de la Famille et des Droits humains, Damares Alves. Sur les six rencontres sollicitées auprès des autorités, seules deux sont confirmées et la ministre Damares Alves nous a informés que nous serions reçus cette semaine par le secrétaire national adjoint à la Protection générale, Alexandre Magno.

« Nous avons aussi sollicité une audience auprès du ministre de la Justice Sergio Moro et du chef du cabinet de la présidence, Onix Lorenzoni. Sergio Moro a répondu qu’il ne serait pas disponible pour nous rencontrer et nous attendons toujours la réponse du chef du cabinet présidentiel. La seule personne qui a accepté de s’entretenir avec nous est le général Carlos Alberto dos Santos Cruz, chef du Secrétariat du gouvernement. Nous espérons que les rencontres avec Alexandre Magno et Carlos Alberto dos Santos Cruz permettront de construire un dialogue positif pour les droits humains. Nous souhaitons que d’autres responsables du gouvernement, et tout particulièrement le président Jair Bolsonaro, soient en mesure de nous recevoir afin de débattre des questions sur la situation actuelle au Brésil. »

Erika Guevara-Rosas rappelle l’importance pour les gouvernements d’engager le dialogue avec la société civile :

« Je pense qu’il est important pour le président Jair Bolsonaro et d’autres responsables d’afficher leur volonté de discuter des questions relatives aux droits humains que nous avons soulevées hier et qui, loin d’être nos seules préoccupations, sont partagées par de nombreuses organisations œuvrant à promouvoir les droits humains et par les citoyens brésiliens. Les mesures proposées ou prises menacent les droits de millions de personnes, particulièrement les populations indigènes et quilombolas (descendants d’esclaves), les femmes, les Noirs, les personnes LGBTI et les défenseurs des droits humains. Nos préoccupations et nos recommandations se fondent sur l’analyse de décrets et de mesures adoptés ou proposés par le gouvernement, à la lumière des engagements internationaux auxquels le Brésil a souscrits en matière de défense des droits fondamentaux.

« Ce que nous proposons, ce sont des axes vers un pays qui n’exclut personne : un pays pour tous les Brésiliens. Témoigner d’une ouverture au dialogue serait un signal décisif de la part du gouvernement du Brésil, le plus grand pays d’Amérique du Sud, en cette période où les droits humains sont fortement menacés et bafoués à travers les Amériques. »