Le gouvernement doit suspendre le décret présidentiel 3973 et enquêter sur les causes des feux de forêt
Dans une lettre ouverte publiée le 9 septembre, Amnistie internationale appelle le gouvernement du président Evo Morales à suspendre le décret de juillet 2019 autorisant les « feux contrôlés » destinés à étendre les surfaces agricoles tant qu’il n’est pas possible d’établir avec certitude que ce décret n’a pas contribué aux feux de forêt qui entraînent une crise environnementale et des droits humains dans la Chiquitanía, une région proche de l’Amazonie et de la frontière brésilienne.
Le 30 août, après avoir annoncé l’arrestation de personnes soupçonnées d’avoir provoqué les feux, le président Evo Morales a déclaré que les feux avaient été provoqués intentionnellement « pour des raisons politiques », alors que le ministre de la Présidence affirmait que « le feu [était] presque un enfant naturel de l’agriculture » qui était exacerbé par les hautes températures et les vents violents liés au « changement climatique ».
« Le Brésil n’est pas le seul pays à souffrir des terribles incendies en Amazonie. La Bolivie fait également face à cette menace pour l’écosystème, la biodiversité et les populations de la forêt de Chiquitano. Au lieu de faire des déclarations contradictoires sans fondement, les autorités boliviennes doivent mener des enquêtes scientifiques et indépendantes sur l’origine de cette grave crise », a déclaré María José Veramendi Villa, chercheuse d’Amnistie internationale chargée de l’Amérique du Sud.
Par le décret suprême 3973 du 10 juillet 2019, le président Evo Morales a autorisé les « feux contrôlés » pour les activités agricoles dans les provinces de Santa Cruz et de Beni, qui sont toutes deux touchées par des feux de forêt depuis le mois août de cette année.
Dans sa lettre ouverte, Amnistie internationale insiste sur le fait que des enquêtes doivent être menées sur les causes des feux et que les responsables doivent être identifiés et sanctionnés le cas échéant. De plus, le gouvernement doit fournir une aide urgente aux personnes et populations touchées, en consultation avec elles et dans le respect de leurs droits humains.
L’organisation exprime également sa solidarité envers les personnes et populations touchées et maintient que la protection de la biodiversité et de l’environnement est indispensable à la réalisation pleine et entière des droits humains, comme les droits à la vie, à la santé, à la nourriture, à l’eau et à la culture.