Des allégations de harcèlement, d'intimidation et de menaces à l'encontre d'une journaliste doivent donner lieu à une enquête
Les autorités azerbaïdjanaises doivent mener sans délai une enquête approfondie, impartiale et efficace sur des allégations selon lesquelles des journalistes favorables au gouvernement ont menacé de publier des photos intimes de la journaliste azerbaïdjanaise Sevinj Osmanqizi. De tels agissements constituent une violation manifeste du droit à la liberté d'expression et à la vie privée. Leurs auteurs présumés doivent être traduits en justice et les actes de harcèlement et d'intimidation doivent cesser immédiatement.
Le 7 avril, des médias azerbaïdjanais favorables au gouvernement ont divulgué des conversations privées de la journaliste azerbaïdjanaise Sevinj Osmanqizi, qui vit aux États-Unis. Le 21 avril, des journalistes progouvernementaux ont menacé publiquement Sevinj Osmanqizi, l’appelant à cesser de critiquer l'Azerbaïdjan et à désactiver sa chaîne YouTube. Ils l’ont avertie que si elle s’y refusait, des photos et vidéos intimes d'elle seraient diffusées sur Internet, en plus des conversations privées déjà publiées.
Sevinj Osmanqizi a déclaré qu'elle ne fermerait pas sa chaîne YouTube malgré les actes de harcèlement, les tentatives d’intimidation et les menaces à son encontre. Elle ignore comment les médias progouvernementaux d’Azerbaïdjan ont obtenu ces conversations, photos et vidéos à caractère privé. Elle pense avoir été victime d'une surveillance illégale.
Sevinj Osmanqizi a fui l’Azerbaïdjan pour les États-Unis en 2012, après avoir été la cible d’actes de harcèlement, de tentatives d’intimidation et de menaces orchestrées par le gouvernement. Il y a deux ans, elle a lancé sa chaîne YouTube, où elle met en lumière l’absence de bonne gouvernance et la corruption en Azerbaïdjan. Sevinj Osmanqizi interviewe des personnalités politiques de l'opposition et des militants critiques à l’égard du gouvernement. Peu de temps avant de recevoir ces menaces, la journaliste a diffusé une série d’émissions consacrées à la corruption dans le secteur pétrolier et gazier en Azerbaïdjan.
En 2012, une autre journaliste et ancienne prisonnière d'opinion azerbaïdjanaise, Khadija Ismayilova, a fait l’objet de menaces similaires. Journaliste à Radio Free Europe, Khadija Ismayilova enquêtait sur des informations faisant état de liens entre la famille du président Ilham Aliev et un projet de construction lucratif dans la capitale de l’Azerbaïdjan, Bakou, quand elle a reçu, le 7 mars 2012, un courrier contenant des photos intimes d’elle. On s’était manifestement introduit chez elle pour cacher des caméras dans sa chambre. La lettre menaçait Khadija Ismayilova de la « couvrir de honte » si elle ne renonçait pas ses activités journalistiques, mais elle a refusé de se laisser réduire au silence et a dénoncé publiquement cette tentative de chantage. Des enregistrements vidéo montrant Khadija Ismayilova dans son intimité ont été diffusés sur Internet peu après.
L'Azerbaïdjan doit mener sans délai une enquête approfondie et efficace sur les menaces de divulgation de documents privés concernant Sevinj Osmanqizi, et veiller à ce qu'aucun journaliste azerbaïdjanais et personne en Azerbaïdjan ne soit harcelé, intimidé et menacé pour n’avoir fait qu’exercer son droit à la liberté d'expression.