« Lorsque je serai libéré, je veux continuer », a déclaré Taner Kılıç, président honoraire d'Amnesty incarcéré
* Le secrétaire général d'Amnesty rencontre Taner Kılıç en prison pour la première fois.
* Le procès de Taner Kılıç reprend à Istanbul le 21 juin.
* Le secrétaire général ainsi que quatre directeurs pays d'Amnistie internationale vont assister à l'audience.
À la veille de la reprise de son procès, Taner Kılıç, président honoraire d'Amnistie internationale Turquie incarcéré, a adressé un fervent appel pour que la question des atteintes aux droits humains en Turquie ne soit pas passée sous silence et a juré de poursuivre son travail une fois libéré.
« Lorsque je serai libéré, je veux continuer. Je sais aujourd’hui plus que jamais à quel point les droits humains sont importants, a déclaré Taner Kılıç au secrétaire général d'Amnistie internationale, Salil Shetty, qui lui a rendu visite à la prison de haute sécurité de Şakran le 20 juin.
« D'autres à l'intérieur sont dans une situation pire que la mienne », a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de se montrer solidaires avec toute personne injustement emprisonnée en Turquie.
Arrêté il y a plus d'un an, Taner Kılıç a été inculpé d’« appartenance à une organisation terroriste », une accusation sans fondement. Cette semaine, Amnistie internationale a révélé que le rapport de police de 15 pages enfin produit par l'accusation ne contient aucun élément permettant de prouver que Taner avait installé l'application de messagerie sécurisée ByLock sur son téléphone. La présence de ByLock était au cœur de l'affaire intentée contre lui.
Cela corrobore les conclusions de quatre rapports d'analyse indépendants précédemment soumis au tribunal. Aucun n'a trouvé d'éléments prouvant que Taner Kılıç avait téléchargé ByLock sur son téléphone.
S'exprimant depuis l'extérieur de la prison, Salil Shetty a déclaré :
« Aujourd'hui, j'ai eu une longue entrevue très émouvante dans cette prison avec notre collègue et ami Taner Kılıç, derrière les barreaux depuis plus d'un an.
« Même victime d'une telle injustice, Taner pense aux autres. Au lieu d'évoquer sa situation, il a préféré parler de la question plus large des violations des droits humains en Turquie et souligner sa détermination à poursuivre son combat. Il a également tenu à adresser toute sa gratitude à ceux qui, de par le monde, soutiennent les appels en faveur de sa libération.
« Le 21 juin, je serai au tribunal pour assister à la quatrième audience de Taner. Sans une once de preuves crédibles venant appuyer les accusations absurdes portées contre lui, il doit être remis en liberté.
« Rien ne ramènera les moments précieux que Taner a manqués, mais le tribunal peut mettre fin à cette injustice demain et lui permettre de retrouver sa famille et de reprendre son travail essentiel. »
COMPLÉMENT D’INFORMATION
Pour en savoir plus sur l’analyse par Amnistie internationale des accusations portées contre Taner Kılıç, voir : https://www.amnesty.org/fr/documents/eur44/7331/2017/fr/
Taner Kılıç a été arrêté le 6 juin 2017 et incarcéré trois jours plus tard. Il est maintenu en détention depuis lors. Dix autres militants, les « 10 d’Istanbul », dont İdil Eser, directrice d’Amnistie internationale Turquie, ont été arrêtés un mois plus tard. Huit ont été détenus pendant près de quatre mois, avant d’être libérés sous caution en octobre.
Toutes ces personnes sont inculpées d’« appartenance à une organisation terroriste », une allégation sans fondement que le ministère public n’a jusqu’à présent étayée par aucun élément susceptible de résister à l’examen.
En décembre 2017, les autorités turques ont reconnu que des milliers de personnes avaient été accusées à tort d’avoir téléchargé ByLock. Elles ont publié des listes contenant 11 480 numéros de téléphone mobile, ce qui a permis à de nombreuses personnes de recouvrer la liberté. Taner Kılıç n’y a pas encore été inscrit.
Plus d’un million de personnes de 184 pays et territoires ont signé les appels d’Amnistie internationale demandant la libération de Taner Kılıç et des autres défenseurs des droits humains concernés depuis leur arrestation, l’été dernier. De très nombreuses personnalités réclament la libération de Taner et l’abandon des charges pesant sur lui et les « 10 d'Istanbul ».