Budgets en chute, répression en hausse. Le coût humain des mesures d'austérité au Tchad
1 : Entre janvier et mars 2018, dans toutes les manifestations anti-austérité sauf une, les forces de sécurité ont eu recours à des gaz lacrymogènes pour disperser la foule et ont frappé des manifestants.
2 : L'Organisation mondiale de la santé préconise un taux de 23 professionnels de santé pour 10 000 habitants. Le Tchad ne compte que deux professionnels de santé qualifiés (médecins, infirmières ou sages-femmes) pour 10 000 habitants.
5 : En août 2017, l'Ordonnance ministérielle n° 345 a réduit de 45 à cinq les catégories d'urgences prises en charge dans le cadre du programme de gratuité des soins d'urgence, qui ne couvre plus que les soins périnatals (accouchements et soins aux femmes enceintes et aux enfants de moins de cinq ans), les morsures de serpent, les piqûres de scorpion et les fistules.
10 : En février 2018, 10 partis politiques ont été suspendus par le gouvernement pour avoir organisé une manifestation pacifique interdite par les autorités.
12 : Dans la capitale, N'Djamena, Amnistie internationale a recensé au moins 12 manifestations contre l'austérité entre janvier et mars 2018, dont quatre manifestations pacifiques organisées par des organisations de la société civile et des partis d'opposition.
16 : Le gouvernement tchadien a pris 16 mesures d'austérité, parmi lesquelles la suppression, pour au moins 70 % des étudiants du public, d'une bourse mensuelle de 28 000 francs CFA (52,64 dollars des États-Unis) et la réduction de moitié des primes et indemnités des fonctionnaires. Ces mesures ont provoqué des grèves massives et de nombreuses manifestations.
22 : Entre 2013 et 2017, les dépenses consacrées à l'enseignement primaire et secondaire ont été réduites de 22 %. Ces restrictions budgétaires ont eu des répercussions négatives sur le droit à l'éducation et se sont traduites par une augmentation de la charge financière pour les parents, qui déjà avant la crise devaient contribuer financièrement à la scolarisation de leurs enfants, y compris dans l'enseignement primaire – que le Tchad a pourtant l'obligation de fournir gratuitement à tous les enfants.
32 : Les déléguées d'Amnistie internationale ont visité 32 centres de santé répartis dans huit régions. Elles y ont constaté le manque de médicaments essentiels, dont des produits nécessaires à un système de santé élémentaire.
40 : À cause de la crise économique, les dépenses générales de l'État ont chuté de 40 % entre 2014 et 2017 ; cette baisse a touché notamment les secteurs de la santé et de l'éducation.
42 : Au moins 42 personnes arrêtées ont été condamnées à des peines d'un à quatre mois d’emprisonnement. Certaines d'entre elle ont déclaré qu'elles ne participaient pas aux manifestations lors de leur arrestation mais qu'elles étaient simplement en train de vaquer à leurs occupations.
45 : Au total, 45 journées de grève contre les nouvelles mesures d'austérité ont été recensées dans tous les secteurs publics du pays entre janvier et mars 2018.
50 : Le budget de la santé publique a baissé de plus de 50 % entre 2013 et 2017.
56 : La part des dépenses de santé payée par les patients, appelée « recouvrement de coûts », est passée de 49,73 % en 2013 à 56,37 % en 2015 (dernières données disponibles), notamment à cause des compressions budgétaires dans la santé publique et des pénuries régulières de médicaments. Cela a eu des effets particulièrement important sur les personnes économiquement vulnérables.
70 : Le budget du programme de gratuité des soins d'urgence a été réduit de 70 %, privant des milliers de Tchadiens de l'accès aux soins médicaux gratuits, y compris en cas d'urgence, ainsi qu'aux médicaments de base. De même, le budget consacré à l'enseignement supérieur a diminué de 70 % entre 2013 et 2017.
150 : Au moins 150 personnes, dont des étudiants, ont été arrêtées sur diverses accusations allant de la rébellion à l'attroupement illégal en passant par le trouble à l’ordre public.
2015 : Depuis 2015 au moins, des mesures d'austérité élaborées et mises en œuvre en violation des normes internationales portent atteinte aux droits économiques, sociaux et culturels de la population tchadienne.
28 000 : Les autorités ont multiplié par deux les frais d'inscription dans les universités publiques (sauf pour les études médicales et les écoles nationales professionnelles) et introduit de nouveaux frais de réinscription. Ainsi, les nouveaux étudiants ont dû s'acquitter de la somme de 50 000 francs CFA (94 dollars des États-Unis) pour s'inscrire en octobre 2017, et les étudiants qui poursuivaient leurs études ont dû payer 28 000 francs CFA (52,64 dollars) pour se réinscrire pour l'année universitaire 2017-2018. Avant, les frais de réinscription étaient subventionnés par l'État.
2,06 millions : À cause de la crise économique, le budget alloué au programme de gratuité des soins d'urgence a été progressivement réduit de 6,2 millions de dollars des États-Unis en 2013 à 2,06 millions de dollars en 2017.