Il faut garantir un procès équitable à l'ancienne candidate à la présidence
À la suite de l'ouverture du procès de l'ancienne candidate à la présidence au Rwanda, Diane Rwigara, inculpée, ainsi que sa mère et quatre autres accusés, d'« incitation à l'insurrection » entre autres chefs d'accusation, Joan Nyanyuki, directrice régionale d'Amnistie internationale pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands lacs, a déclaré :
« La justice rwandaise doit veiller à ce que ce procès ne devienne pas un nouveau moyen de persécuter les détracteurs du gouvernement. Diane Rwigara et ses coaccusés doivent bénéficier d’un procès équitable et impartial.
« Tous les accusés doivent bénéficier de la présomption d'innocence tant qu'ils ne sont pas reconnus coupables à l’issue d'un procès équitable et il incombe à l'accusation de prouver la commission d’un crime au-delà de tout doute raisonnable.
« Étant donné le nombre de procédures entachées d'irrégularités au Rwanda par le passé, les autorités judiciaires doivent s’efforcer en priorité de garantir un procès respectant les normes internationales les plus rigoureuses. Elles doivent démontrer que ce procès n'est pas instrumentalisé pour punir des citoyens en raison de leur dissidence politique. Critiquer le gouvernement n'est pas un crime. »
Complément d’information
Diane Rwigara, et sa mère Adeline Rwigara, ainsi que quatre personnes vivant à l'étranger, sont inculpées d'« incitation à l'insurrection ou aux troubles parmi la population ».
Ces accusations, portées à l'encontre de Diane Rwigara le 23 septembre 2017, se fondent sur des commentaires qu'elle a faits publiquement et qui critiquaient l'État rwandais, notamment le 14 juillet 2017 lors de la conférence de presse de lancement du Mouvement pour le salut du peuple, un groupe militant.
Diane Rwigara a également été inculpée de « fabrication ou falsification de documents » et « usage de faux », tandis que sa mère Adeline est inculpée de la charge supplémentaire de « discrimination et pratiques sectaires ».
Diane Rwigara s'était déjà vu interdire de se présenter à l'élection présidentielle d'août 2017 par l'autorité électorale du Rwanda, la Commission électorale nationale.
Au cours des mois précédant l’annonce de sa candidature, Diane Rwigara s’est exprimée avec véhémence sur des sujets tels que la pauvreté, l’injustice, l’insécurité et l’absence de liberté d'expression. Quelques jours seulement après cette annonce, des photos présumées d’elle, nue, ont fuité et circulé sur les réseaux sociaux ; pour beaucoup, il s’agissait d’une campagne de diffamation destinée à ternir son image. Diane Rwigara a déclaré que ces images étaient « photoshoppées ».