La tentative de bloquer Telegram est un nouveau coup porté à la liberté d'expression en ligne
À la veille de l'audience judiciaire prévue vendredi 13 avril 2018 à propos du blocage de l'application de messagerie Telegram, demandé par l'organisme russe de surveillance des médias au motif que celle-ci a refusé de communiquer aux autorités les informations de ses utilisateurs, Denis Krivosheev, directeur adjoint pour l'Europe de l'Est et l'Asie centrale à Amnistie internationale, a déclaré :
« En tentant de bloquer l'application de messagerie Telegram, les autorités russes portent un nouveau coup à la liberté d'expression en ligne dans le pays, déjà soumise à de nombreuses attaques.
« Ces dernières années, les autorités russes n'ont cessé de prendre pour cible les rares espaces de libre expression subsistant dans le pays. Elles ont bloqué les sites d'information qui les critiquaient, imposé des règles draconiennes en matière de stockage des données et qualifié les médias enregistrés ailleurs qu'en Russie d'« agents de l'étranger ».
« Elles s'en prennent maintenant à l'une des applications de messagerie les plus populaires du pays uniquement parce qu'elle a eu le courage et l'intégrité de respecter la vie privée de ses utilisateurs. Le tribunal qui va se prononcer sur cette affaire le 13 avril devra lui aussi faire preuve de respect pour la liberté d'expression et ne pas se plier aux exigences répressives du gouvernement. »
Complément d’information
Vendredi 13 avril, le tribunal du district de Taganski, à Moscou, doit se prononcer sur une requête de l'organisme russe de surveillance des médias, Roskomnadzor, demandant le blocage de Telegram en raison de son refus de fournir au Service fédéral de sécurité (FSB) une « porte dérobée » pour accéder aux messages cryptés.
En juin 2017, Roskomnadzor avait demandé à Telegram de se conformer à la législation obligeant tous les fournisseurs de données à s'enregistrer en Russie et à remettre au FSB leurs clés de chiffrement.
Telegram a satisfait à l'obligation de s'enregistrer, mais son fondateur, Pavel Dourov, a refusé de se soumettre à ce qu'il a qualifié de « lois incompatibles avec la politique de confidentialité de Telegram ».