La décision de Joseph Kabila de ne pas se représenter à l'élection doit être suivie par des mesures concrètes en faveur des droits humains
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En réaction aux informations selon lesquelles le président de la République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila ne sera pas candidat à l'élection du 23 décembre, Jean-Mobert Senga, chercheur sur la RDC à Amnistie internationale, a déclaré :
« Le président Joseph Kabila a annoncé qu’il ne briguera pas de troisième mandat, ce qui réjouira de nombreux Congolais. Mais il faut faire davantage. Son gouvernement doit faire preuve de son engagement afin de garantir un environnement où les citoyens puissent exercer librement leurs droits humains tout au long du cycle électoral, en levant officiellement l'interdiction de manifester pacifiquement. En outre, il doit promettre de ne pas disperser les rassemblements pacifiques et les meetings de l'opposition et de la société civile.
« Les autorités doivent libérer toutes les personnes encore détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux, mais aussi assurer la liberté des médias, mettre fin aux coupures d'Internet et renoncer aux projets de loi destinés à réprimer les défenseurs des droits humains qui sont actuellement débattus au Parlement.
« Enfin, elles doivent prendre des mesures concrètes afin d'amener les auteurs présumés de violations des droits humains à rendre des comptes, y compris les militaires, les policiers et les agents des services de renseignements de haut rang. »
Complément d’information
Le 8 août, le ministre de l'Information Lambert Mende a annoncé que Ramazani Shadary, ancien ministre de l'Intérieur, sera le candidat du parti au pouvoir.
Les élections en RDC auraient dû avoir lieu en novembre 2016, à la fin du second et dernier mandat du président sortant Joseph Kabila, conformément à la Constitution congolaise. L'incapacité du gouvernement à organiser des élections à temps a provoqué à travers tout le pays des manifestations, lourdement réprimées par les forces de sécurité.
L'Église catholique a négocié un accord entre la coalition au pouvoir et les principaux leaders de l'opposition, signé le 31 décembre 2016, qui donnait au gouvernement un an pour mettre en place des mesures en vue d’une élection libre et équitable – rouvrir les médias critiques envers le gouvernement, libérer les personnes détenues pour des motifs politiques et autoriser les chefs de l'opposition exilés à rentrer au pays.
Ces mesures n'ayant pas été mises en place et l'élection n'ayant pas été organisée en décembre 2017, le Comité laïc de coordination de l'Église catholique a lancé une série de manifestations le 31 décembre 2017, le 21 janvier et le 25 février 2018. Les forces de sécurité ont dispersé ces manifestations pacifiques avec violence, faisant au moins 17 morts et 200 blessés, et procédant à au moins 405 arrestations arbitraires.