« Une épée au-dessus de nos têtes » – La répression des militants qui dénoncent la discrimination et l’esclavage en Mauritanie
Sauf mention contraire, les chiffres ci-dessous sont des estimations issues des recherches menées par Amnistie Internationale entre juin 2014 et janvier 2018. Il est probable qu’ils soient en deçà de la réalité.
15 : nombre de membres du Collectif des veuves de Mauritanie arrêtées en novembre 2017, lors de la journée nationale de l’indépendance, alors qu’elles distribuaient des tracts demandant vérité, justice et réparation pour les homicides illégaux et les exécutions extrajudiciaires de leurs proches, commises entre 1989 et 1991
17 : au moins 17 défenseurs des droits humains ont été victimes de torture et d’autres formes de mauvais traitements entre 2014 et 2017
20 : au moins 20 groupes de défense des droits humains, y compris des associations et des syndicats disposant d’un agrément, ont signalé à Amnistie Internationale que leurs rassemblements pacifiques avaient été interdits et dispersés violemment par les forces de sécurité
23 : depuis 2014, Amnistie Internationale a recueilli des informations attestant au moins 23 arrestations de membres du Mouvement du 25 février, souvent contre les mêmes personnes
43 : plus de 43 associations œuvrant en faveur de la promotion et de la protection des droits humains, dont plus d’une dizaine d’organisations non gouvernementales internationales (ONGI), n’ont jamais été autorisées par l’État à exercer leurs activités
47 : en 2016, seules deux personnes ont été condamnées par les tribunaux compétents pour connaître des affaires d’esclavage, bien que ceux-ci aient été saisis de 47 affaires dans lesquelles 53 suspects étaient impliqués
50 : selon le rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée, environ 50 % des Haratines vivaient de fait dans des conditions d’esclavage en 2014, soumis à la servitude domestique ou au travail sous contrainte
60 : entre 2014 et 2017, des charges pénales ont été retenues contre des défenseurs des droits humains dans au moins 60 affaires
63 : à 63 reprises au moins depuis 2014, des militants antiesclavagistes membres de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) ont été arrêtés du fait de leurs activités en faveur des droits humains
130 : aux fins du rapport, l’équipe de recherches d’Amnistie Internationale a recueilli les propos de 130 personnes, parmi lesquelles des défenseurs des droits humains, des représentants d’organisations de la société civile, des victimes et des témoins de violations des droits humains, des proches de victimes, des avocats, des journalistes, des représentants des Nations unies et d’ONGI, des diplomates, des membres de l’opposition et des universitaires
168 : il y a eu au moins 168 arrestations de défenseurs des droits humains depuis 2014
631 : les militants antiesclavagistes Moussa Biram et Abdallahi Matallah sont détenus depuis 631 jours dans une prison isolée, où ils n’ont que des contacts limités avec leur famille et leur avocat
1 538 : nombre de jours que le blogueur et militant Mohamed Mkhaïtir a passés en détention simplement pour avoir publié un message critiquant l’instrumentalisation de l’islam aux fins de la légitimation de pratiques discriminatoires en Mauritanie ; en novembre 2017, la cour d’appel a annulé sa condamnation à mort mais il est toujours en prison
43 000 : estimation du nombre de personnes esclaves en 2016 (Global Slavery Index) ; l’État nie l’existence de l’esclavage en Mauritanie et refuse de produire des données sur la discrimination raciale