Condamnation d’une défenseure des droits humains, également victime de harcèlement sexuel, qui n’a fait qu’exprimer son opinion
Amal Fathy a été condamnée vendredi 29 septembre à une peine de deux ans d’emprisonnement, assortie d’une possibilité de libération provisoire contre une caution de 20 000 livres égyptiennes (1 120 dollars des États-Unis), et à une amende de 10 000 livres égyptiennes (560 dollars des États-Unis). La défenseure des droits humains égyptienne a été arrêtée arbitrairement et a déjà passé 141 jours derrière les barreaux pour avoir mis en ligne sur Facebook une vidéo dénonçant le harcèlement sexuel et reprochant aux autorités égyptiennes de ne pas protéger les femmes. À l’annonce du verdict, Najia Bounaim, directrice des campagnes pour l’Afrique du Nord à Amnistie internationale, a déclaré :
« Amal Fathy doit maintenant faire face à une condamnation honteuse qui sanctionne son courage de s’exprimer publiquement contre le harcèlement sexuel. Il s’agit d’un cas flagrant d’injustice : la victime est condamnée tandis que l’auteur du délit reste en liberté. C’est une défenseure des droits humains, victime de harcèlement sexuel, qui a souhaité faire connaître au monde sa vérité et attirer l’attention sur la question cruciale de la sécurité des femmes en Égypte. Ce n’est pas une criminelle et elle ne devrait pas être punie pour son courage.
« Nous demandons une nouvelle fois aux autorités égyptiennes de libérer immédiatement et sans condition Amal Fathy, et d’abandonner toutes les charges retenues contre cette femme. Son placement en détention pour avoir exprimé pacifiquement ses opinons constitue un affront au droit à la liberté d’expression, pourtant garanti par la Constitution égyptienne et par les obligations internationales de l’Égypte, et va à l’encontre des engagements répétés des autorités de combattre le harcèlement sexuel.
« Il est actuellement plus dangereux que jamais dans l’histoire récente de l’Égypte de critiquer le gouvernement. Sous la présidence d’Abdelfattah al Sissi, les Égyptiens sont traités comme des criminels simplement parce qu’ils expriment leurs opinions sans violence. »
Complément d’information
Amal Fathy est une défenseure des droits humains égyptienne, qui se mobilise essentiellement sur des questions touchant à la démocratie. Elle n’hésite pas à dénoncer haut et fort les violations des droits humains dans son pays, en particulier les détentions arbitraires de militants. Elle est maintenue en détention provisoire dans le cadre d’une autre affaire, et doit répondre d’accusations d’« appartenance à un groupe terroriste », de « diffusion d’idées appelant à la commission d’actes terroristes » et de « dissémination de fausses informations ». Le 14 octobre, le procureur de la sûreté de l’État doit se prononcer sur le renouvellement ou non de sa détention pour 15 jours supplémentaires.
Les forces de police égyptiennes ont arrêté Amal Fathy le 11 mai aux premières heures, en compagnie de son mari, Mohamed Lotfy, ancien chercheur d’Amnistie internationale et actuel directeur de la Commission égyptienne pour les droits et les libertés, une ONG égyptienne de défense des droits humains. Des policiers ont fait irruption au domicile cairote du couple. Ils les ont conduits, ainsi que leur enfant âgé de trois ans, au commissariat de Maadi.