Les autorités doivent ouvrir une enquête sur les homicides de représentants de communautés et prendre des mesures urgentes pour protéger les défenseur-e-s des droits humains
Les autorités colombiennes doivent prendre des mesures urgentes pour protéger les défenseur-e-s des droits humains et diligenter dans les plus brefs délais une enquête exhaustive et impartiale sur les homicides de deux représentants de communautés qui s’étaient opposés à un projet hydroélectrique dans le département d’Antioquia, en Colombie, a déclaré Amnistie internationale le 11 mai.
« Les autorités colombiennes doivent immédiatement prendre des mesures efficaces pour mettre fin à la vague de menaces et d’attaques qui a coûté la vie à plus de 170 défenseur-e-s des droits humains depuis la signature de l’accord de paix en novembre 2016 », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice d’Amnistie internationale pour la région Amériques.
« Les personnes qui risquent leur vie pour défendre l’environnement, les droits en matière de territoire et l’accès à la terre ont besoin d’une protection. Ces terribles actes visant à réduire au silence les courageuses personnes qui défendent leur communauté ne peuvent pas continuer. »
Le 8 mai, Luis Alberto Torres Montoya et son frère Duvián Andrés Correa Sánchez ont été tués par des inconnus dans le secteur d’El Pescadero, alors qu’ils travaillaient dans un champ. Membre actif de sa communauté, Luis Torres faisait partie de l’Association des mineurs et pêcheurs artisanaux de Puerto Valdivia. Six jours avant, des inconnus ont tué Hugo Albeiro George Pérez, un autre représentant de la communauté de Puerto Valdivia.
Luis Alberto Torres Montoya et Hugo Albeiro George Pérez étaient membres du Mouvement Ríos Vivos Antioquia, qui s’est publiquement opposé au projet de construction du barrage hydroélectrique d’Hidroituango en raison des dégâts environnementaux qu’il a causés dans la région. Ils avaient tous deux réclamé une indemnisation pour les familles dont le quotidien et les activités agricoles ont été affectés par le projet.
« Les autorités doivent diligenter sans délai une enquête exhaustive, efficace et indépendante sur les homicides d’Hugo Albeiro George Pérez et de Luis Alberto Torres Montoya, en tenant compte de leurs rôles dans l’action de défense des droits des populations affectées par le projet hydroélectrique d’Hidroituango. Elles doivent également prendre des mesures immédiates pour résoudre les problèmes structurels sous-tendant les menaces, homicides et agressions dont sont victimes des représentants de communautés qui s’opposent à ce projet. »
L’année 2017 a été la plus meurtrière pour les défenseur-e-s des droits humains en Colombie : 121 homicides ont été signalés, soit le double de l’année précédente.
Le 8 mai, Amnistie internationale a relancé sa campagne La paix sans protection pour engager les autorités colombiennes à protéger les défenseur-e-s des droits humains et mettre en lumière les menaces auxquelles ces personnes sont confrontées.