Des militants emprisonnés sont privés de traitements médicaux, leur vie est en danger
À Bahreïn, depuis plus d’un an, les autorités privent délibérément des soins dont ils ont besoin quatre militants emprisonnés, Hassan Mshaima, Abdel-Jalil al Singace, Abdel-Wahab Hussain et Abdel-Jalil al Miqdad, soumettant ces hommes âgés à un traitement cruel, inhumain et dégradant et mettant leur vie en danger, a déclaré Amnistie internationale le 6 août 2018.
Ces quatre prisonniers d’opinion souffrent de maladies chroniques et ne sont pas autorisés à être soignés car, contrairement à ce qu’exigent les autorités, ils refusent d’être entravés pour être conduits sur les lieux où ils pourraient recevoir les soins et les médicaments nécessaires.
« Il est incroyable que l’on puisse se résoudre à traiter des gens avec une telle cruauté. Ces hommes sont âgés, fragiles, et ils souffrent des graves affaiblissements qui accompagnent des maladies chroniques lourdes comme l’hypertension et le diabète », a déclaré Lynn Maalouf, directrice de la recherche sur le Moyen-Orient au sein d’Amnistie internationale.
« Hassan Mshaima, Abdel-Jalil al Singace, Abdel-Wahab Hussain et Abdel-Jalil al Miqdad sont en prison uniquement pour avoir participé à des manifestations pacifiques. Ils n’auraient jamais dû être arrêtés, jugés et emprisonnés, et encore moins soumis à un traitement qui met désormais leur vie en danger. Ils doivent être libérés immédiatement et sans condition. »
Les quatre militants ont refusé qu’on leur mette des entraves, déclarant qu’ils étaient des prisonniers d’opinion, pas des criminels. Les autorités ont saisi l’occasion pour les empêcher de voir le médecin de la prison, des médecins externes, et même leurs familles.
Avant février 2017, Hassan Mshaima n’était pas entravé et portait des vêtements civils lorsqu’il recevait des visites de sa famille ou lorsqu’il était transféré pour ses rendez-vous médicaux. Amnistie internationale a pu vérifier que c’était bien le cas également pour les trois autres prisonniers.
Le 1er août 2018, Ali Mshaima, le fils d’Hassan Mshaima, a entamé une grève de la faim devant l’ambassade de Bahreïn à Londres, pour protester contre le traitement infligé à son père par les autorités pénitentiaires bahreïnites.
« La façon dont les autorités bahreïnites traitent ces militants pacifiques, emprisonnés injustement, viole le droit international et les normes internationales sur le traitement des prisonniers, et constitue une peine ou un traitement cruel, inhumain et dégradant. Les autorités ont pour devoir de veiller à ce que ces hommes soient traités humainement et, plus particulièrement, d’une manière conforme aux normes de bases établies par l’Ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus (règles Mandela), y compris en ce qui concerne l’accès aux soins et les contacts avec leurs proches », a déclaré Lynn Maalouf.
« Étant donné la faiblesse et l’âge de ces hommes, il n’existe aucun risque d’évasion et ils ne posent aucune menace pour la sécurité des autres détenus ou du personnel. Ce qui signifie que les entraves constituent uniquement une mesure punitive de la part des autorités. »
Hassan Mshaima a besoin d’une dizaine de médicaments différents pour une tension artérielle irrégulière, un diabète, une irritation du conduit urinaire et la goutte. Il n’a désormais plus de comprimés pour le diabète et il doit recevoir des injections d’insuline dans sa cellule.
L’administration de la prison ne lui permet pas d’obtenir ces injections suffisamment régulièrement et refuse de le réapprovisionner en ce qui concerne ses autres médicaments.
Les quatre hommes ont été condamnés à la réclusion à perpétuité en 2011, à l’issue d’un procès inique, pour avoir mené des manifestations antigouvernementales de grande ampleur. Neuf autres militants de l’opposition ont été condamnés à des peines allant de cinq ans de prison à la réclusion à perpétuité dans le cadre de la même affaire. Deux d’entre eux ont été libérés depuis.