• 17 avr 2018
  • Argentine
  • Communiqué de presse

Amnistie internationale demande au président Macri de relever des défis majeurs dans le domaine des droits humains

L'Argentine étant placée sur le devant de la scène internationale puisqu'elle assume la présidence du G20 cette année, son gouvernement doit s'engager à apporter des réponses aux défis en matière de droits humains et jouer un rôle de premier plan afin de résoudre d'autres questions régionales et internationales majeures, a déclaré Amnistie internationale lors de la visite de son secrétaire général dans le pays.

« L'Argentine doit relever plusieurs défis urgents, qui touchent particulièrement les communautés les plus vulnérables du pays. Sa présidence du G20 met l'accent sur le développement économique et le commerce, qui ne doivent pas être dissociés du respect des droits humains. Lorsque ce distinguo a été fait, des millions de personnes ont été laissées pour compte, ce qui a attisé les braises de troubles sociaux et politiques », a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d'Amnistie internationale.

Lors d'une rencontre avec le président Mauricio Macri et des membres de son gouvernement, Salil Shetty a évoqué le point de vue d’Amnistie internationale sur les défis et les possibilités dans le contexte des droits humains en Argentine et le rôle clé que joue ce pays dans des questions régionales et mondiales.

Il a salué la générosité de l'Argentine envers les migrants et les réfugiés qui fuient la crise des droits humains au Venezuela, tout en mettant l'accent sur la nécessité pour les dirigeants de la région, y compris l'Argentine, de trouver une solution durable à cette crise, axée sur les droits humains.

L'initiative du président Mauricio Macri qui a lancé au Congrès le débat sur l'avortement a permis de faire progresser l'Argentine, tenue de respecter son obligation internationale en termes de droits fondamentaux. Un demi-million de femmes subissent un avortement chaque année dans le pays et plus de 3 000 Argentines ont payé de leur vie la criminalisation de l'avortement. Par ailleurs, l'opinion publique est on ne peut plus claire : dans un récent sondage commandé par Amnistie internationale, 59 % des personnes interrogées se déclaraient favorables à la dépénalisation de l'avortement.

« À l'ère des hashtags #NiUnaMenos, #MeToo et du grand mouvement en faveur des droits des femmes dans le monde, et alors que ces droits connaissent un recul à travers les Amériques, l'Argentine doit adresser un signal puissant et prendre une mesure historique en dépénalisant l'avortement, ce qui lui permettra de montrer l'exemple à ses voisins et de s’aligner sur certains de ses principaux partenaires économiques dans d'autres régions du globe », a déclaré Salil Shetty.

Salil Shetty a également demandé au président Mauricio Macri de relever les défis urgents en matière de droits humains, notamment les droits des peuples indigènes. Lors d'une visite à Salinas Grandes, dans la province de Jujuy, il a écouté les inquiétudes des communautés indigènes quant à l’impact potentiel de l'extraction minière du lithium, en plein essor, sur leurs moyens de subsistance, leur approvisionnement en eau et l'environnement. Dans ce contexte mouvant, leurs voix ne sont pas entendues.

L'Argentine est pourtant tenue de rechercher le consentement libre, préalable et éclairé des populations touchées. Ce n'est ni de la poudre aux yeux, ni un simple exercice avec cases à cocher. Il s'agit de respecter les populations qui ont des revendications historiques sur des terres et suivent une sagesse ancestrale s’agissant d'exploiter durablement la terre.

« En menant une véritable consultation et en veillant à ce que les peuples indigènes bénéficient de l'extraction du lithium, l'Argentine montrera sa détermination à placer au cœur de sa présidence du G20 un message d'équité et de protection de l’environnement. »

Enfin, le secrétaire général d'Amnistie internationale a fait part au président argentin de son inquiétude face aux signes d'érosion du droit de manifester et du droit à la liberté d'expression en Argentine. Les actions policières violentes dans le cadre des manifestations, notamment les arrestations arbitraires et l'usage excessif de la force, se multiplient depuis que la nation accorde la priorité aux questions liées à la sécurité.

Si le gouvernement souligne l'importance de dialoguer avec la société civile, de nombreux défenseurs des droits humains et organisations de la société civile sont de plus en plus la cible de campagnes de stigmatisation et de diffamation.

« Alors que de nombreux gouvernements invoquent la sécurité pour justifier la régression des libertés civiques, l'Argentine doit montrer à la région et au monde entier comment trouver le bon équilibre entre la protection des droits de l’ensemble de la population et le respect du droit de manifester pacifiquement. Pour ce faire, l'État doit former dûment les forces de sécurité et formuler des lignes de conduite claires sur le recours à la force par les responsables de l’application des lois, conformément aux normes internationales », a déclaré Salil Shetty.