Les représailles de l'Arabie saoudite contre le Canada : une indication claire que la communauté internationale doit augmenter la pression pour de véritables réformes des droits humains
En réponse à l'annonce par l'Arabie saoudite, le 5 août, de mesures diplomatiques et commerciales contre le Canada en représailles aux récents appels du gouvernement canadien pour la libération des prisonniers d'opinion, Amnistie internationale Canada a déclaré que cette action agressive démontre le besoin urgent pour une plus grande pression internationale en faveur d'une réforme réelle et durable des droits humains en Arabie saoudite.
›› Exigez la libération des défenseurs des droits humains en Arabie saoudite
Les mesures annoncées comprennent le rappel de l'ambassadeur d'Arabie saoudite au Canada, une demande visant à ce que l'ambassadeur du Canada quitte l'Arabie saoudite dans les 24 heures et la suspension de tout nouveaux investissements et échanges commerciaux. Le ministère des Affaires étrangères de l'Arabie saoudite a accusé le Canada "d'ingérence manifeste et flagrante dans les affaires internes" du pays. La décision a été prise après une déclaration sur Twitter trois jours plus tôt de la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, indiquant que le Canada était " Très alarmé d’apprendre l’emprisonnement de Samar Badawi, la sœur de Raif Badawi, en Arabie saoudite. Le Canada appuie la famille Badawi dans cette difficile épreuve, et nous continuons de fermement appeler à la libération de Raif et Samar Badawi."
Amnistie internationale avait également demandé publiquement aux autorités saoudiennes de libérer immédiatement et sans condition Samar Badawi, ainsi que Nassima al Sada, deux célèbres défenseures des droits humains arrêtées la semaine dernière. Leur détention s’inscrit dans une vague croissante d’arrestation, depuis mai dernier, de militantes des droits des femmes et d’autres défenseurs des droits humains. Samar Badawi est également la soeur du blogueur Raif Badawi, emprisonné depuis 2012. Amnistie internationale considère Raif Badawi comme un prisonnier d'opinion et milite pour sa liberté depuis son arrestation. L'épouse de Raif Badawi et ses trois enfants sont réfugiés au Canada depuis 2014 et ont récemment obtenu la citoyenneté canadienne. Le gouvernement canadien a souvent fait pression pour qu’il soit libéré.
"L'appel du Canada pour libérer Samar et Raif Badawi est louable et très important, d'autant plus que la communauté internationale réagit trop souvent, devant le bilan épouvantable des droits humains en Arabie saoudite, par un silence et de l’inaction", a déclaré Geneviève Paul, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone. "Certains gouvernements et d’autres observateurs ont suggéré que l’Arabie saoudite était prête à améliorer son bilan en matière de droits humains. Ce geste indique exactement le contraire. Il est temps que d’autres gouvernements se joignent au Canada pour accroître la pression en faveur de véritables réformes durables des droits humains en Arabie saoudite."
"La seule chose qui soit "manifeste et flagrante", c’est à quel point cette action du gouvernement saoudien démontre un manque de considération et un mépris absolus pour le principe même du droit international", a déclaré Alex Neve, secrétaire général d'Amnistie internationale Canada anglophone. " La déclaration sur Twitter de la ministre Freeland n’était nullement une ingérence dans les affaires internes de l’Arabie saoudite. C'était plutôt un message qui défendait les droits humains universels mondialement acceptés et qui sont contraignants pour l'Arabie saoudite. La réponse de l'Arabie saoudite devrait être de mettre fin à la répression contre les défenseurs des droits humains et de libérer les défenseures des droits humains et tous les autres prisonniers d'opinion, non pas d’infliger des sanctions diplomatiques et commerciales. "