Premières condamnations de défenseurs des droits sous la houlette du prince héritier « réformiste » Mohammad Bin Salman
En réaction à la condamnation par le Tribunal pénal spécial à Riyadh le 25 janvier de deux éminents militants des droits humains, Mohammad al Otaibi et Abdullah al Attawi, à 14 et sept ans de prison respectivement, Samah Hadid, directrice des campagnes au Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré :
« La lourde condamnation de Mohammad al Otaibi et Abdullah al Attawi, qui n'auraient jamais dû faire l'objet de poursuites, confirme nos craintes concernant le nouveau dirigeant saoudien, Mohamed Bin Salman, déterminé à faire taire la société civile et les défenseurs des droits humains dans le royaume.
« La répression visant les membres de la communauté de défense des droits humains se poursuit sans faiblir, tous ses principaux représentants ou presque se trouvant désormais derrière les barreaux. Ces actions, sous la houlette du prince héritier Mohamed Bin Salman, vont à l'encontre de ses ambitions récemment affichées de moderniser le royaume.
« Si le prince héritier Mohammad Bin Salman a réellement l'intention d'amener des réformes en Arabie saoudite, il doit assurer la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers d'opinion, notamment les défenseurs des droits humains détenus uniquement pour avoir exercé sans violence leurs droits fondamentaux. »
Complément d’information
Mohammad al Otaibi et Abdullah al Attawi ont comparu devant le Tribunal pénal spécial en octobre 2016. Ils ont été accusés, entre autres chefs d'accusation, d’avoir « participé à la création d’une organisation et annoncé la création de cette dernière avant d’en avoir obtenu l’autorisation », d’avoir « divisé l’unité nationale, propagé le désordre et provoqué l’opinion publique par la préparation, la rédaction et la publication de déclarations portant préjudice à la réputation du Royaume et de ses institutions judiciaires et chargées de la sécurité », et d’avoir « publié des informations concernant leurs interrogatoires bien qu'ils se soient engagés par écrit à ne pas le faire ».
Le 25 mai 2017, Mohammad al Otaibi a été placé en détention en Arabie saoudite, après qu'il a été expulsé depuis le Qatar, alors qu'il était en route pour la Norvège, qui lui avait accordé le statut de réfugié.