• 13 juin 2025
  • Italie
  • Communiqué de presse

Italie. Le nouveau cas d’un journaliste visé par le logiciel espion Graphite confirme l’utilisation généralisée de la surveillance illégale

Réagissant à la publication d’un rapport de Citizen Lab qui identifie le journaliste italien Ciro Pellegrino et une autre personne ayant choisi de rester anonyme comme les dernières cibles en date du logiciel espion de l’entreprise Paragon en Europe, Elina Castillo Jiménez, conseillère en matière de plaidoyer et de politique sur la surveillance ciblée auprès d’Amnistie internationale, a déclaré : 

« La découverte de l’utilisation illégale du logiciel espion Graphite de Paragon contre un journaliste italien de plus, Ciro Pellegrino, dont le nom vient s’ajouter à la liste des cibles, confirme l’expansion galopante et la dimension systémique de l’utilisation abusive de logiciels espions en Italie et ailleurs en Europe.

« Si le récent rapport de la Commission parlementaire pour la sécurité de la République (COPASIR) confirme que les services de renseignement italiens ont utilisé Graphite, un logiciel espion hautement invasif, afin de viser des militant·e·s, il a cherché à justifier cette utilisation par des raisons de sécurité nationale. Il a également nié que le journaliste Francesco Cancellato ait été pris pour cible. La nouvelle information selon laquelle un journaliste italien de plus a été ciblé par Graphite soulève d’autres questions. 

« L’utilisation de logiciels espions contre des militant·e·s et des journalistes par les autorités italiennes, ainsi que le manque de transparence et de coopération, bafouent les normes internationales que l’Italie est tenue de respecter et suscitent de graves inquiétudes quant à son adhésion au processus de Pall Mall et à son Code de pratique pour les États, qui a pour objectif de mettre fin à l’utilisation abusive de logiciels espions commerciaux qui portent atteinte à la liberté d’expression. 

« Nous exhortons les autorités italiennes à révéler l’intégralité des détails relatifs à ces opérations de ciblage et à proposer des moyens afin que les victimes puissent obtenir réparation. Lorsque les gouvernements ne réagissent pas de manière adéquate face à des allégations crédibles de surveillance abusive, ils envoient un message dangereux selon lequel l’impunité est la norme. » 

Contexte 

Ciro Pellegrino, journaliste à Fanpage, rejoint une liste de défenseur·e·s des droits humains et de journalistes italiens pris pour cible par le logiciel espion Graphite de l’entreprise Paragon, parmi lesquels figurent Francesco Cancellato, journaliste, Luca Casarini, fondateur de Mediterranea Saving Humans, et Giuseppe « Beppe » Caccia, son cofondateur. David Yambio, fondateur de l’organisation Refugees in Libya, a également été visé.  

Après la publication du rapport de la commission parlementaire italienne confirmant l’utilisation du logiciel espion Graphite par des services de renseignement italiens et étrangers, Paragon a annoncé avoir annulé le contrat de l’Italie parce que les autorités italiennes ont refusé d’utiliser un processus technique afin d’établir si Graphite avait été utilisé pour cibler Francesco Cancellato, dont le cas a déclenché le scandale en cours. La COPASIR a répondu qu’elle n’avait pas connaissance de la proposition de Paragon d’aider à enquêter sur le ciblage de Francesco Cancellato. 

Graphite est un logiciel espion très invasif capable d’accéder secrètement aux données les plus personnelles et les plus sensibles du téléphone d’un individu, et ne peut pas faire l’objet d’un audit indépendant. Cet outil intrusif ne pourra jamais être conforme aux droits humains et devrait être interdit.