• 31 Juil 2025
  • Iran
  • Communiqué de presse

Iran. Les autorités responsables des amputations de doigts doivent rendre des comptes pour ces actes de torture

Réagissant à l’utilisation par les autorités iraniennes d’une guillotine pour amputer les doigts de trois hommes à la prison centrale d’Ourmia le 30 juillet, à titre de châtiment corporel infligé à l’issue d’un procès manifestement inéquitable et entaché d’actes de torture, Hussein Baoumi, directeur régional adjoint pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnistie internationale, a déclaré :  

« Les amputations pratiquées sur Hadi Rostami, Mehdi Sharafian et Mehdi Shahivand sont un rappel frappant du recours fréquent par l’Iran aux châtiments corporels et du caractère inhumain d’un système judiciaire qui légalise la cruauté. « L’amputation est un acte de torture, qui constitue un crime de droit international, et une atteinte flagrante et odieuse à la dignité humaine. Pendant six ans, ces hommes ont vécu un véritable cauchemar, sachant que les autorités pouvaient à tout moment mutiler leur corps de manière irréversible en faisant usage du sceau judiciaire.  

« Nous appelons les autorités iraniennes à mettre immédiatement fin à tout projet visant à appliquer des peines aussi cruelles et inhumaines, et à abolir de toute urgence toutes les formes de châtiments corporels dans la loi et dans la pratique, notamment la flagellation et l’aveuglement. Elles doivent accorder à ces trois hommes une réparation totale, comprenant une indemnisation, une réadaptation, des soins médicaux et psychologiques, des services sociaux et juridiques, ainsi que des garanties de non-répétition. » 

« Le système judiciaire iranien est un rouage essentiel de cette machine à torturer. Compte tenu de l’impunité systématique qui prévaut en Iran, ces châtiments d’une cruauté indescriptible continueront d’être infligés à moins que la communauté internationale ne prenne des mesures durables pour mettre fin aux crimes commis par les autorités iraniennes. Nous appelons tous les États à condamner fermement ce crime de torture et à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour faire pression sur les autorités iraniennes afin qu’elles abolissent immédiatement les châtiments corporels. Nous exhortons en outre les États à exercer leur compétence universelle pour enquêter et poursuivre les responsables iraniens soupçonnés d’être pénalement responsables de ces crimes de droit international. » 

Complément d’information  

À 22 heures, le 30 juillet 2025, les autorités pénitentiaires de la prison centrale d’Ourmia, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental, ont transféré Hadi Rostami (38 ans), Mehdi Sharafian (42 ans) et Mehdi Shahivand (29 ans) au service chargé de l’exécution des peines afin de procéder à leur amputation. Les yeux bandés, menottés et enchaînés, ces hommes ont été amputés de quatre doigts de la main droite. Les autorités pénitentiaires ont utilisé une guillotine pour couper leurs doigts, en présence de hauts responsables de la prison et de représentants du parquet dont Amnistie internationale connaît le nom. Les autorités pénitentiaires ont brièvement emmené les hommes dans un établissement médical pour leur faire panser les doigts avant de les ramener à la prison, où ils ne peuvent pas bénéficier des soins de santé physique et mentale spécialisés dont ils ont besoin de toute urgence. 

Les autorités ont privé ces hommes de l’accès à un avocat avant leur procès et ont utilisé pour les faire condamner des « aveux » forcés obtenus selon eux sous la torture et au moyen d’autres mauvais traitements incluant les coups, la flagellation, des menaces de viol et la suspension par les poignets et les pieds. Hadi Rostami n’a jamais été autorisé à consulter un avocat, même lors du procès. 

L’Iran fait partie des rares pays au monde qui continuent de recourir à des châtiments corporels. Les autorités iraniennes ont appliqué des peines d’amputation à de multiples reprises ces dernières années. Amnistie internationale sait que deux autres hommes, Kasra Karami et Morteza Esmaeilian, sont actuellement sous le coup d’une peine d’amputation des doigts respectivement à la prison centrale d’Ourmia, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental, et à la prison de Tabriz, dans la province d’Azerbaïdjan oriental. De nombreuses autres personnes risquent également de se voir infliger ce châtiment.