• 3 Sep 2025
  • Géorgie
  • Communiqué de presse

Géorgie. La condamnation de manifestant·e·s témoigne d’une justice dévoyée dans le but de faire taire la dissidence

En réaction à la condamnation en Géorgie, les 2 et 3 septembre 2025, de 20 manifestant·e·s à des peines de prison pour avoir participé à des rassemblements antigouvernementaux, notamment le 3 septembre du militant de l'opposition Saba Skhvitaridze et de l'acteur Andro Chichinadze, le directeur adjoint pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnistie internationale, Denis Krivosheev, a déclaré :

« Les procès d'Andro Chichinadze, de Saba Skhvitaridze et des autres accusés révèlent que le gouvernement géorgien instrumentalise la justice pénale afin de punir les manifestant·e·s et de réduire au silence les dissident·e·s. Les manifestants en Géorgie subissent des violations des droits humains sous forme de torture et de mauvais traitements, de détentions arbitraires et de procès iniques.

« Leurs cas reflètent également le déni systématique de justice dont sont victimes les centaines de manifestants qui auraient subi actes de torture et mauvais traitements en détention. Saba Skhvitaridze, condamné à deux ans de prison en violation de son droit à un procès équitable, s'est également vu refuser une enquête effective sur ses allégations de torture et de mauvais traitements, notamment son maintien prolongé à l'isolement.

« Les autorités géorgiennes doivent annuler ces condamnations iniques et libérer Saba Skhvitaridze, Andro Chichinadze et les autres, ou leur accorder un nouveau procès équitable, y compris une audience équitable de mise en liberté sous caution. Toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté de réunion pacifique et d'expression doivent être libérées sans délai. »

Complément d’information

Les 2 et 3 septembre, dans le cadre de deux procédures distinctes, un tribunal de Tbilissi a condamné huit et 11 personnes, dont Andro Chichinadze, à des peines de prison pour trouble à l'ordre public présumé. Saba Skhvitaridze a également été condamné le 3 septembre pour coups et blessures légers infligés à un policier.

Participant activement aux manifestations antigouvernementales, Saba Skhvitaridze a été arrêté sans mandat le 5 décembre 2024. Il a déclaré avoir été torturé pendant sa détention par des agents masqués dans le but de lui extorquer des « aveux ». Malgré les preuves médicales confirmant ses blessures, aucune enquête véritable n'a été menée sur les actes de torture qui lui auraient été infligés.

Andro Chichinadze a été arrêté chez lui à Tbilissi le 5 décembre 2024 après avoir participé à des manifestations pro-européennes. Il a été accusé d'avoir lancé « un objet » (probablement un bâton) en direction des policiers. Au départ, il a été inculpé d’avoir participé à des « violences en réunion » en vertu de l'article 225 du Code pénal, avec 10 autres accusés ; ces accusations ont par la suite été requalifiées en trouble à l'ordre public (article 226). Tous ont été condamnés à deux ans d’emprisonnement. La veille, huit personnes avaient été reconnues coupables d’accusations similaires de troubles à l'ordre public et condamnées à des peines de prison comprises entre deux et deux ans et demi.

Ces procès ont été entachés de violations du droit à un procès équitable - aveux obtenus sous la torture, atteintes à la présomption d'innocence, imposition d'avocats commis d'office et temps insuffisant imparti à la préparation de la défense. Enfin, les accusés n’ont pas bénéficié de toutes les garanties juridiques, notamment, pour ceux qui avaient moins de 21 ans, de l’application de procédures inhérentes à la justice pour mineurs.