Cambodge. Les victimes d’escroquerie doivent être protégées dans le contexte de la répression policière

En réaction aux informations et aux annonces du gouvernement cambodgien indiquant qu’une opération de répression des centres d’escroquerie est en cours dans le pays, Montse Ferrer, directrice régionale adjointe pour la recherche à Amnistie internationale, a déclaré :
« Une réponse coordonnée du gouvernement à la crise des escroqueries au Cambodge est attendue depuis longtemps. Cependant, il est essentiel que les autorités respectent les droits fondamentaux des personnes qu’elles trouvent dans ces centres, où nous avons établi que des bandes criminelles se livraient à de l’esclavage, de la torture et d’autres atteintes aux droits humains.
« Des informations récentes et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux laissent penser que la police n’emploie probablement pas une approche centrée sur les droits humains pour déterminer qui sont les personnes à arrêter et celles qui doivent être considérées comme des victimes de traite des êtres humains. Les victimes doivent être identifiées et protégées de façon adéquate et le gouvernement doit communiquer des informations sur les centres de détention où elles pourraient maintenant être enfermées.
« Enfin, la police ne doit pas s’intéresser uniquement aux personnes commettant des escroqueries, mais aussi à celles qui les contrôlent. Une répression légitime doit intégrer des enquêtes et des interrogatoires visant les propriétaires et les gérants des centres, ainsi que les agents de sécurité et les entreprises qui les ont aidés. »
Complément d’information
Selon un rapport publié en juin par Amnistie internationale, le gouvernement cambodgien ferme délibérément les yeux sur toute une série d’atteintes aux droits humains incluant l’esclavage, la traite des êtres humains, le travail des enfants et la torture, qui sont perpétrées à grande échelle par des bandes criminelles dans plus de 50 centres d’escroquerie situés dans tout le pays.
Les conclusions d’Amnistie internationale donnent à penser qu’il existe une coordination, voire une collusion, entre les patron·ne·s des centres chinois et la police cambodgienne, qui n’a pas fait le nécessaire pour fermer ces centres malgré la multitude de violations des droits humains qui y sont commises.
Depuis la publication de ce rapport, les autorités du Cambodge semblent avoir entrepris une répression contre les centres d’escroquerie. Mercredi 16 juillet, les autorités ont annoncé l’arrestation de plus de 1 000 personnes lors d’opérations visant ce type de centres dans au moins cinq provinces. Des informations faisant état d’autres opérations ont continué de circuler, notamment des vidéos spectaculaires diffusées sur les réseaux sociaux montrant des personnes qui s’échappent en courant des centres en pleine nuit avec des valises.