Azerbaïdjan. Le militant de l’opposition Tofig Yagublu condamné à l’issue d’une parodie de procès

En réaction à la condamnation de Tofig Yagublu, militant politique azerbaïdjanais de premier plan, Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnistie internationale, a déclaré :
« La condamnation de Tofig Yagublu est un nouveau cap sinistre franchi dans la campagne menée en Azerbaïdjan pour faire taire celles et ceux qui osent critiquer le gouvernement. Son procès, motivé par des considérations politiques, a été marqué par des préoccupations concernant la régularité de la procédure.
« Il ne s’agit pas d’un cas isolé, mais d’un élément de la répression systématique visant l’opposition politique, les médias indépendants et la société civile en Azerbaïdjan. Les autorités du pays doivent libérer Tofig Yagublu immédiatement et sans condition, et mettre un terme aux persécutions incessantes subies par les militant·e·s pacifiques.
« La communauté internationale, qui tolère depuis longtemps la répression en Azerbaïdjan au profit d’intérêts géopolitiques et économiques, doit adopter une position de fermeté et de principe contre ces violations des droits humains. »
Complément d’information
Le 10 mars, le tribunal de Bakou chargé des infractions graves a condamné Tofig Yagublu, membre du Conseil national des forces démocrates et du Parti de l’égalité, à neuf années de prison pour « fraude ayant entraîné un préjudice important » (article 178-3-2 du Code pénal) et « falsification de documents » (articles 320-1 et 320-2). Son coaccusé, Elnur Mamedov, qui a témoigné contre lui-même, a été condamné à huit ans d’emprisonnement.
Tofig Yagublu a été arrêté le 14 décembre 2023 et son procès, qui s’est ouvert le 14 juin 2024, a été largement dénoncé pour son manque de respect des règles de procédures. Le parquet s’est appuyé uniquement sur le témoignage d’une victime présumée, sans tenir compte des arguments de la défense, y compris des allégations de violations des règles de procédure.
Cet homme est depuis longtemps dans le viseur des autorités azerbaïdjanaises en raison de ses critiques concernant la corruption au sein du gouvernement et les violations des droits humains. Il a été emprisonné à de multiples reprises pour des motifs politiques. Sa condamnation fait suite à une escalade de la répression depuis un an et demi, notamment marquée par l’incarcération récente d’autres militant·e·s de l’opposition et journalistes également sur la base d’accusations infondées.