• 29 jan 2025
  • Amériques
  • Communiqué de presse

Les États des Amériques ne doivent pas jouer un rôle dans la politique néfaste du président Donald Trump à l’égard des personnes en quête de sécurité

En réaction aux décrets exécutifs annoncés par le président américain Donald Trump, qui appellent à des expulsions massives, décrètent l’état d’urgence nationale face à une invasion, militarisent la frontière entre les États-Unis et le Mexique, rétablissent les protocoles dits « de protection des migrants » (également appelés plan « Rester au Mexique »), mettent fin à l’asile à la frontière et ferment l’application CBP One, Ana Piquer, directrice du programme Amériques à Amnistie internationale, a déclaré :

« Les mesures exécutives adoptées par le président Donald Trump ont de graves répercussions sur les droits des personnes en quête de sécurité et mettent de nombreuses vies en danger, en fabriquant des menaces inexistantes en vue d’étendre la militarisation, l’externalisation des frontières, le recours généralisé à la détention des migrant·e·s, les renvois accélérés et la criminalisation des défenseur·e·s des droits des migrants. Conséquences de cette politique, il est quasiment impossible de demander l’asile aux États-Unis et des milliers de personnes seront renvoyées de force vers des lieux où leur vie ou leur sécurité est menacée. En outre, le président Donald Trump demande que des poursuites pénales soient engagées à l’encontre de ceux qui entrent illégalement aux États-Unis, ce qui avait donné lieu à de nombreuses séparations familiales au cours de son premier mandat. À ce jour, certaines familles, majoritairement originaires d’Amérique centrale, n’ont toujours pas été réunies à la suite de la première mise en place de cette politique cruelle.

« Par ailleurs, les États-Unis font pression sur des pays pour qu’ils acceptent des vols transportant des personnes expulsées alors que ce ne sont pas leurs ressortissants, et menacent de sanctions les pays qui refusent. Toutes ces mesures ont des implications pour les pays des Amériques et s’inscrivent dans la tendance inquiétante des États-Unis à conclure des accords bilatéraux visant à décourager l’immigration.

« Aux termes de l’Entente sur les tiers pays sûrs conclue entre le Canada et les États-Unis, la plupart des personnes entrant au Canada via les États-Unis n’ont pas le droit de demander l’asile au Canada, et vice-versa. Cet accord les oblige à tenter des traversées dangereuses de la frontière et à se réfugier dans la clandestinité. Les États-Unis devenant de moins en moins sûrs pour les demandeurs·euses d’asile, le gouvernement canadien doit sans délai se retirer de cet accord.

« Les États-Unis et le Mexique ont mis en œuvre conjointement les protocoles dits « de protection des migrants », également appelé plan « Rester au Mexique » : les demandeurs·euses d’asile se retrouvent piégés dans des camps le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, où ils risquent de subir de graves violations des droits humains, des milliers de cas d’agressions, de viols, d’enlèvements et d’extorsion étant signalés. Amnistie internationale demande au Mexique de ne pas participer à la réitération du plan « Rester au Mexique ».

« La fermeture de l’application CBP One est synonyme d’obstacle insurmontable pour 270 000 personnes en situation de vulnérabilité qui tentent de trouver refuge aux États-Unis. Elles se retrouvent bloquées au Mexique, sans voie d’accès claire vers une protection. Suite à cette fermeture, le gouvernement mexicain doit adopter d’urgence des mesures visant à garantir la sécurité de ceux qui attendaient au Mexique un rendez-vous via CBP One, notamment en leur permettant de demander une protection internationale au Mexique et de circuler librement dans le pays.

« Les États-Unis doivent changer de cap face à cette période de déplacements de populations et privilégier les financements et les politiques d’accueil, afin de faire face à la crise par des mesures, non pas nuisibles, mais humaines.

« Le président Donald Trump ne pourra mettre en œuvre sa politique délétère que si les pays des Amériques acceptent de jouer le jeu. Alors que les États membres de la Communauté d’États latino-américains et des Caraïbes (CELAC) se réunissent d’urgence le 30 janvier pour discuter des questions migratoires, Amnistie internationale appelle les gouvernements de la région à ne pas s’associer à une politique qui porte atteinte aux droits et à la dignité des personnes en quête de sécurité. »