Salvador. La crise des droits humains pourrait s’aggraver pendant le second mandat de Nayib Bukele
Réagissant à la réélection autoproclamée, sans données officielles solides, du président Nayib Bukele, dans un contexte électoral marqué par un déploiement considérable de forces militaires, 22 mois consécutifs de suspension de plusieurs droits civils au Salvador et de graves préoccupations formulées par divers secteurs de la société quant à l’indépendance et le respect du mandat du Tribunal suprême électoral, Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnistie internationale, a déclaré :
« La communauté internationale doit rester vigilante et utiliser toutes les ressources et tous les mécanismes à sa disposition pour mettre un terme et remédier aux atteintes et à la violence étatique qui menacent les droits humains au Salvador. »
« La détérioration du respect et de la protection des droits humains pendant la présidence de Nayib Bukele ainsi que la probabilité que cette tendance se poursuive pendant son second mandat sont particulièrement préoccupantes. Ces cinq dernières années, nous avons observé la grave crise provoquée par un modèle de gouvernement encourageant les atteintes généralisées aux droits humains et permettant aux responsables d’échapper aux mécanismes d’obligation de rendre des comptes à l’échelle tant nationale qu’internationale. »
« Son mandat a également été caractérisé par la dissimulation et la manipulation d’informations publiques, la promotion d’actions destinées à restreindre l’espace civique, la militarisation de la sécurité publique et les détentions arbitraires et l’incarcération massives comme seules stratégies pour combattre la violence dans le pays, ce qui a eu des conséquences disproportionnées pour les personnes en situation de pauvreté.
« Il est impératif de mettre un terme à l’instrumentalisation du système pénal et à l’instauration de facto d’une politique de torture dans le système pénitentiaire, qui entrainent une augmentation du nombre déjà alarmant de violations des garanties procédurales, des morts en détention sous la responsabilité de l’État et une précarisation de la situation des personnes privées de liberté. Si la tendance ne s’inverse pas, nous risquons de voir une nouvelle génération de victimes de l’État. »
« Nous avons déjà constaté les graves conséquences de l’absence d’action coordonnée, rapide et contraignante de la communauté internationale face à ces modèles répressifs, pas seulement au Salvador, mais dans toute la région. Une réaction internationale ferme, à la hauteur de la crise des droits humains qui se poursuit et s’aggrave, est indispensable. »