Russie. Les autorités arrêtent des journalistes dans le but d’invisibiliser les manifestations des épouses de soldats
En réaction à l’arrestation de journalistes et de militant·e·s lors d’une manifestation à Moscou le 3 février, à l’occasion des 500 jours marquant la première « mobilisation partielle » d’hommes pour aller combattre pour la Russie contre l’Ukraine, Natalia Priloutskaïa, chercheuse sur la Russie à Amnistie internationale, a déclaré :
« Ces femmes russes déterminées, qui réclament le retour de leurs maris du front en Ukraine, se heurtent à une réponse trop habituelle de la part des autorités. On leur interdit de se rassembler, tandis que la police arrête des journalistes, entre autres, qui couvrent leur action. Ces mesures témoignent de la répression de la liberté de la presse et du droit de se rassembler pacifiquement en Russie, illustrant la volonté tenace des autorités de maintenir la population dans l’ignorance.
« Les autorités n’ont pas réussi à étouffer totalement toutes les manifestations ni tous les reportages sur les actions dissidentes. Cependant, leurs méthodes – refus d’accès à une assistance juridique, saisie des téléphones et des équipements des personnes arrêtées, menaces de poursuites pénales à l’encontre de journalistes affiliés à des médias qualifiés d’" agents étrangers " – ne laissent aucune place au doute : elles souhaitent supprimer toute couverture de la dissidence. Les autorités doivent respecter et garantir les droits à la liberté de réunion pacifique et d’expression, et veiller à ce que les journalistes ne soient pas arrêtés arbitrairement ni empêchés d’une quelconque façon de couvrir des manifestations. »
Complément d’information
Le 3 février, à Moscou, la police aurait arrêté une trentaine de personnes, très majoritairement des journalistes, y compris ceux qui portaient des vestes avec l’inscription « Presse ». Les reporters couvraient le rassemblement de contestation baptisé les « 500 jours de mobilisation » organisé par Le chemin de la maison, une association d’épouses de soldats mobilisés pour la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine.
Au moins un journaliste a été interrogé au sujet de ses sources et contraint de signer une note explicative sous la menace d’être inculpé d’« extrémisme », sans qu’aucune plainte ne soit déposée.
Toutes les personnes interpellées, sauf une, ont désormais été relâchées, mais ces arrestations ont fortement gêné la couverture médiatique du rassemblement.