Kirghizistan. Il faut abandonner les charges à caractère politique retenues contre les accusé·e·s dans « l’affaire de Kempir-Abad » et les relâcher
À la veille de la décision du tribunal dans l’affaire dite de « Kempir-Abad », dans laquelle le ministère public a requis des peines de 20 ans de réclusion à l’encontre de 22 manifestant·e·s pacifiques et détracteurs du gouvernement, Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnistie internationale, a déclaré :
« Les autorités kirghizes doivent abandonner toutes les charges retenues contre ces manifestants et les remettre en liberté. Ils sont poursuivis uniquement pour avoir exercé sans violence leurs droits humains. En outre, les poursuites intentées à leur encontre sont entachées d’incohérences et de vices de procédure, ce qui fait peser de sérieux doutes sur l’équité de leur procès.
« Il s’agit d’une parodie de justice et d’une offensive à caractère politique contre les droits fondamentaux de ceux qui osent protester et dénoncer le manque de transparence et d’obligation de rendre des comptes au sein du gouvernement.
« Nous engageons la communauté internationale à faire pression sur les autorités kirghizes pour qu’elles s’acquittent de leurs obligations en matière de droits humains, notamment en garantissant le respect des droits de tous dans le pays. »
Complément d’information
Le 10 juin, le ministère public a requis une peine de 20 ans de prison assortie de la confiscation de leurs biens à l’encontre des 22 accusés, inculpés de préparer des émeutes de masse. Plusieurs sont également inculpés d’avoir cherché à renverser avec violence le pouvoir. La procédure pénale a été ouverte en réponse à l’opposition publique à la décision du gouvernement prise en 2022 concernant le différend frontalier avec l’Ouzbékistan au sujet du réservoir d’eau de Kempir-Abad et des terres environnantes.
Pendant la phase d’enquête et le procès, les accusé·e·s, dont Rita Karassartova, militante des droits humains bien connue, ont été détenus dans des conditions inhumaines, sans pouvoir bénéficier des soins médicaux dont ils ont besoin au regard de la détérioration de leur état de santé.
Leur procès se déroule à huis clos. Les accusé·e·s ont signalé à plusieurs reprises des violations de leurs droits, notamment le manque d’accès à des soins médicaux adéquats et le déni du droit à un procès équitable, car le tribunal a régulièrement rejeté les requêtes de la défense et ignoré des preuves substantielles qui contredisent les allégations de l’accusation.