• 30 nov 2024
  • International
  • Communiqué de presse

Monde. La FIFA « blanchit » la candidature de l’Arabie saoudite pour la Coupe du monde 2034 et fait fi de son propre rapport sur l’indemnisation des travailleurs·euses migrants au Qatar

En réaction à l’évaluation par la FIFA de la candidature de l’Arabie saoudite pour la Coupe du monde de football masculin 2034, Steve Cockburn, responsable du programme Droits du travail et Sport d’Amnesty International, a déclaré :  

« Comme prévu, l’évaluation par la FIFA de la candidature de l’Arabie saoudite pour la Coupe du monde de football est une singulière tentative visant à dissimuler le bilan désastreux du pays en matière de droits humains. Aucun engagement significatif n’empêchera l’exploitation des travailleurs·euses, l’expulsion des résident·e·s ni l’arrestation des militant·e·s. 

« En ignorant les preuves manifestes de graves risques pour les droits humains, la FIFA risque de porter une grande part de responsabilité dans les violations et les atteintes qui se produiront au cours de la prochaine décennie. Si des réformes fondamentales en matière de droits humains ne sont pas menées d’urgence en Arabie saoudite, la Coupe du monde 2034 sera ternie par l’exploitation, la discrimination et la répression. » 

En réaction à la publication par la FIFA du rapport indépendant attendu de longue date sur les indemnisations à verser aux travailleurs·euses migrants victimes de violations des droits humains en lien avec la Coupe du monde 2022 au Qatar : 

« Il n’y a guère de mystère sur la raison qui a poussé la FIFA à cacher ce rapport indépendant pendant si longtemps : il conclut clairement qu’il lui incombe de garantir des réparations, notamment des indemnisations, aux centaines de milliers de travailleurs et travailleuses ayant subi des atteintes aux droits humains en lien avec la Coupe du monde 2022. Il valide ce que les organisations de défense des droits humains, les syndicats, les supporters et même sa propre sous-commission des droits humains affirment : il est temps pour la FIFA de payer. 

« Il est ahurissant que la semaine où la FIFA publie enfin ce rapport, elle lance un Fonds d’héritage qui ne prévoit pas de réparations pour les travailleurs·euses, tout en validant la candidature de l’Arabie saoudite pour la Coupe du monde sans tenir compte du probable coût humain. Si la FIFA ne prend pas enfin des mesures d’indemnisation et si l’Arabie saoudite n’adopte pas de véritables réformes en matière de droits humains, l’histoire se répétera et les travailleurs·euses en paieront à nouveau le prix. » 

Notes 

Lors de l’évaluation de sa candidature à l’organisation de la Coupe du monde 2034, la FIFA a attribué à l’Arabie saoudite une note de risque « moyen » en ce qui concerne les droits humains. Pourtant, dans de récents rapports, Amnistie internationale et Sports & Rights Alliance ont fourni des éléments qui prouvent que les risques graves et probables en matière de droits humains n’ont pas été pris en compte dans les stratégies présentées dans la candidature, ce qui n’est pas conforme aux propres critères de la FIFA dans ce domaine. En outre, Amnistie et 10 organisations ont mis en évidence au mois d’octobre que l’évaluation indépendante réalisée par AS&H Clifford Chance comportait de graves lacunes et omettait des questions clés en matière de droits humains. 

Plusieurs organisations, dont Amnistie internationale, ont fait campagne pour que la FIFA verse des indemnisations aux travailleurs·euses victimes d’exploitation lors des préparatifs de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, ainsi qu’à leurs familles. En mars 2023, la FIFA a accepté de commander un rapport indépendant afin de déterminer si sa responsabilité était ou non engagée. Finalisé en décembre 2023, ce rapport n’a été publié que le 29 novembre 2024 à minuit. Il conclut que la FIFA a bien la responsabilité de garantir des réparations aux travailleurs, ainsi qu’à d’autres acteurs – une position que soutient la sous-commission des droits humains de la FIFA. Pourtant, le 27 novembre, la FIFA a lancé son Fonds d’héritage de la Coupe du monde 2022, qui n’inclut aucune indemnisation pour les travailleurs·euses concernés.