• 1 Aoû 2024
  • Guatemala
  • Communiqué de presse

Guatemala. Amnistie internationale considère José Rubén Zamora comme un prisonnier d’opinion et réclame sa libération

Jeudi 1er août, Amnistie internationale a désigné le journaliste José Rubén Zamora comme prisonnier d’opinion, et a demandé aux responsables du parquet et de l’appareil judiciaire sa libération immédiate et inconditionnelle.

« José Rubén Zamora est poursuivi pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression dans le cadre de ses activités journalistiques d’enquête et de dénonciation de la corruption. José Rubén Zamora est malheureusement une victime de plus de la stratégie de persécution politique menée par le parquet et l’appareil judiciaire. Il ne doit pas passer un jour de plus en prison, sa souffrance doit cesser immédiatement », a déclaré Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnistie internationale.

Au 29 juillet 2024, ce journaliste de 67 ans, fondateur du média d’investigation ElPeriódico, aura passé deux ans en détention à la prison militaire de Mariscal Zavala. Il a été arrêté le 29 juillet 2022 à son domicile de la ville de Guatemala et se trouve depuis lors en détention provisoire. Le ministère public l’accuse de blanchiment d’argent. Le 14 juin 2023, un tribunal l’a déclaré coupable et l’a condamné à une peine de six ans d’emprisonnement. Cependant, en octobre 2023, la Cour d’appel a annulé cette décision et ordonné la reprise du procès, ce qui ne s’est toujours pas produit à ce jour. Entre-temps, le ministère public a ouvert deux autres procédures pénales contre lui, notamment pour entrave à la justice et utilisation de faux documents.

En mars 2024, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a déclaré que la détention de José Rubén Zamora était arbitraire, et a exigé sa libération. En juillet, ses avocats ont adressé une communication urgente à la Rapporteuse spéciale des Nations unies sur la torture, l’alertant au sujet des conditions de détention du journaliste et notamment de faits susceptibles de constituer des actes de torture, ainsi que des traitements cruels et inhumains.

Amnistie internationale a recensé de nombreuses atteintes aux droits fondamentaux de José Rubén Zamora, en particulier son droit à la liberté personnelle du fait de sa détention arbitraire, et son droit à un procès équitable. Des violations des droits de la défense ont été relevées, notamment des manœuvres de harcèlement visant ses avocats, des atteintes au droit d’être jugé par un tribunal indépendant et impartial, ainsi que de nombreux retards injustifiés et des stratégies dilatoires, entre autres.

José Rubén Zamora est un journaliste guatémaltèque de premier plan, lauréat de plusieurs prix internationaux. Les poursuites pénales infondées lancées contre lui s’inscrivent dans le cadre de procédures engagées pour des motifs politiques contre des acteurs et actrices de la justice et des défenseur·e·s des droits humains qui ont lutté contre la corruption et l’impunité, comme l’a constaté Amnistie internationale. 

« La détention arbitraire prolongée et les poursuites pénales infondées dont il fait l’objet sont non seulement des violations des droits fondamentaux de José Rubén Zamora, mais également des stratégies malveillantes utilisées pour restreindre la liberté d’expression de tous et de toutes au Guatemala. La libération immédiate de José Rubén Zamora est un impératif pour les autorités guatémaltèques, compte tenu de leurs engagements en matière de droits humains », a ajouté Ana Piquer. 

COMPLÉMENT D’INFORMATION

La détermination par Amnistie internationale du statut de prisonnier d’opinion est fondée sur les informations dont dispose l’organisation quant aux circonstances ayant conduit à l’arrestation de la personne. En nommant une personne prisonnière d’opinion, Amnistie internationale affirme que cette personne doit être libérée immédiatement et sans condition, mais ne cautionne pas forcément ses opinions ni sa conduite passées ou présentes.