COP29. Les dirigeants doivent s’engager en faveur d’un financement climatique équitable et d’une élimination complète des combustibles fossiles
Les dirigeant·e·s présents à la COP29 doivent tenir compte des appels à la justice climatique en plaçant les droits humains au cœur de toutes les décisions, et s’engager à accroître considérablement le financement climatique en fonction des besoins, ainsi qu’à procéder à une élimination complète, rapide, équitable et financée des combustibles fossiles dans tous les secteurs, a déclaré Amnistie internationale à l’approche du sommet des Nations unies sur le climat, qui se tient en Azerbaïdjan.
« La crise climatique mondiale représente la plus grande menace pour l’humanité. Dans son rapport annuel sur les émissions, le Programme des Nations unies sur l’environnement arrive à la conclusion que sans changements significatifs, le monde est sur la voie d'une augmentation des températures de 2,6 à 3,1 °C au cours de ce siècle. Si nous ne prenons pas aujourd’hui des mesures audacieuses, décisives et collectives, le monde de demain sera de moins en moins vivable », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnistie internationale.
« Qu’il s’agisse de sécheresses, d’incendies de forêt, d’inondations ou de tempêtes violentes, ces catastrophes dévastatrices et anormales font désormais partie intégrante de la vie des gens dans le monde entier. Elles sont appelées à prendre de l’ampleur, à s’étendre et à s’intensifier, mettant fin à bien plus de vies, détruisant des moyens de subsistance et contribuant à des niveaux sans précédent de famine et de migration forcée. Il n’est pas trop tard pour éviter un effondrement total du climat, mais nous ne pouvons pas perdre une minute de plus.
« Les États doivent s’appuyer sur la décision de la COP28 et s’engager en faveur d’un abandon progressif des énergies fossiles de manière totale, rapide, équitable et dotée de financements. Pour ce faire, ils doivent s’accorder sur une augmentation considérable de l’objectif de financement de la lutte contre le changement climatique afin d’aider à financer des transitions justes vers des économies décarbonées dans les pays à faible revenu - soit au moins 1 000 milliards de dollars américains par an. L’absence actuelle de progrès vers un accord sur cette question est choquante. La somme de 1 000 milliards de dollars peut sembler énorme, mais les coûts économiques et sur le terrain des droits humains du maintien du status quo sont incommensurables. Le sort de l’humanité en dépend.
« Les pays à revenus élevés qui partagent la plus grande responsabilité dans la crise climatique doivent engager des négociations de bonne foi pour atteindre un objectif ambitieux et adéquat et respecter leurs engagements. Ils doivent également augmenter de manière substantielle le financement de l’adaptation aux dommages climatiques importants qui existent déjà et qui s’aggraveront très rapidement, ainsi que le financement du Mécanisme international relatif aux pertes et préjudices pour aider les personnes les plus touchées par les effets du réchauffement de la planète. »
L’Azerbaïdjan accueillera la 29e conférence des parties (COP29) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à Bakou du 11 au 22 novembre. Plus de 190 parties au traité discuteront de questions telles que le nouvel objectif mondial de financement climatique, les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment par l’élimination progressive des combustibles fossiles, les transitions justes vers des économies à zéro émission de carbone ; et les manières de soutenir des mesures visant à réduire les effets néfastes du changement climatique et à remédier aux pertes et préjudices inévitables dans les États à faible revenu qui subissent le plus les effets néfastes du changement climatique alors qu’ils ont le moins contribué à les créer.
Amnistie internationale enverra des délégué·e·s à la COP29 du 9 au 24 novembre, qui seront disponibles pour des interviews sur la nécessité de placer les droits humains au cœur des décisions relatives à l’action climatique, et sur les attaques persistantes du gouvernement azerbaïdjanais contre la société civile.
« Compte tenu de l’insuffisance des dispositions de protection des droits humains dans l’accord avec le pays hôte, les États doivent également prendre des mesures pour protéger la liberté d’expression et de manifestation pacifique pour tous les participant·e·s à la COP29, et pour limiter l’influence pernicieuse des lobbys des combustibles fossiles qui seront omniprésents à la COP. L’Azerbaïdjan a un bilan déplorable en matière de respect de la liberté d’expression et du droit de protester. Il est donc d’autant plus important que ces droits soient protégés dans l’espace officiel de l’ONU. Le Secrétariat de la CCNUCC et les différentes parties doivent accomplir bien plus que ce qu’ils ont fait aux Émirats arabes unis ou en Égypte pour garantir la sûreté, la sécurité et les droits de tous et toutes », a déclaré Agnès Callamard.
En octobre 2024, Amnistie internationale a publié un document de plaidoyer contenant des recommandations à l’intention des parties à la CCNUCC et à l’Accord de Paris. À l’instar du mouvement mondial pour la justice climatique, l’organisation souligne la nécessité urgente d’augmenter massivement les financements publics pour le climat, accessibles aux pays et aux populations en ayant besoin.
Amnistie internationale demande aux délégué·e·s de la COP29 et au secrétariat de la CCNUCC de mettre en œuvre les recommandations suivantes :
- Placer les droits humains au cœur de toutes les décisions relatives à l’action climatique pour veiller à une transition rapide, équitable et juste vers des économies décarbonées, et protéger les droits de tous à la vie, à la santé, à l’alimentation, à l’eau, à l’assainissement, au logement, à un travail décent et à un environnement propre, sain et durable, sans discrimination, qui sont essentiels à la réalisation de la justice climatique.
- Accroître considérablement le financement climatique, en particulier pour l’adaptation et les pertes et préjudices, sous la forme de subventions et non de crédits, en faisant en sorte que ce soient les principaux responsables des émissions qui contribuent le plus.
- S’engager à l’abandon progressif des énergies fossiles de manière totale, rapide, équitable et dotée de financements dans tous les secteurs, sans s’appuyer sur des technologies risquées et n’ayant pas été mises à l’épreuve, ou sur des compensations qui n’aboutissent pas à de véritables baisses des émissions.
- Développer de nouvelles contributions déterminées au niveau national, respectueuses des droits humains, qui maintiendront le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels, les pays riches qui sont historiquement des émetteurs, les autres pays du G20 aux émissions élevées, et d’autres pays producteurs d’énergies fossiles à revenu élevé étant ceux qui devront aller le plus loin et le plus vite.
- Protéger les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique de tous les participant·e·s à la COP29, qui se tient en Azerbaïdjan, où les libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique sont fortement restreintes, et adopter une politique solide en matière de conflits d’intérêts afin de limiter l’influence de l’industrie des combustibles fossiles.