Affaire Marielle et Anderson. Amnistie internationale Brésil estime que le procès devant un jury répond à la violence visant les défenseur·e·s des droits humains dans le pays
Pour l’organisation, le procès, prévu pour le 30 octobre, des auteurs de cet homicide est une étape importante, même s’il reste un long chemin à parcourir avant que justice ne soit rendue
Plus de six ans après l’assassinat de la conseillère municipale Marielle Franco et de son chauffeur, Anderson Gomes, les anciens officiers de la police militaire ayant avoué le meurtre, Ronnie Lessa et Élcio Queiroz, comparaîtront devant un jury populaire le 30 octobre. Cette audience s’ouvrira devant le tribunal supérieur de justice de Rio de Janeiro à 9 heures (heure de Brasilia).
Amnistie internationale Brésil, qui suit l’affaire depuis le début, rappelle qu’il est du devoir de l’État brésilien de garantir justice et réparation aux familles, et de prendre des mesures pour éviter que de telles situations ne se reproduisent. Le Brésil reste l’un des pays les plus dangereux pour les défenseur·e·s des droits humains. Selon le rapport de Global Witness, en 2023, ce pays se classait au deuxième rang pour le nombre de militant·e·s et d’écologistes tués, avec 25 décès. Entre 2012 et 2023, 401 défenseur·e·s ont été assassinés dans le pays.
Ce procès est une étape importante dans une quête de justice qui a commencé il y a six ans. La justice ne sera toutefois véritablement rendue que lorsque les autorités brésiliennes veilleront à ce que toutes les personnes responsables de ce crime, y compris ses commanditaires, ainsi que toutes les personnes responsables de déviations et d’obstructions à l’enquête, soient également traduites en justice, dans le cadre de procédures respectueuses des normes internationales, et répondent de leurs actes.
Ces dernières années, Amnistie internationale Brésil a suivi au moins 12 cas d’assassinats de défenseur·e·s des droits humains, qui sont tous restés impunis. L’impunité pour un crime comme celui-ci sera un message clair de tolérance face à un environnement qui menace la vie de celles et ceux qui luttent en faveur des droits humains au Brésil.
LE TRAVAIL D’AMNISTIE INTERNATIONALE
Amnistie internationale suit cette affaire depuis le jour du crime. Dans sa quête de justice, l’organisation a mobilisé des sections du monde entier pour mener des actions appelant à la justice dans différents pays, ainsi que pour faire pression sur les autorités dans différentes parties du monde afin qu’elles expriment leur solidarité et exigent que justice soit rendue dans l’affaire Marielle Franco. Depuis 2020, Amnistie internationale Brésil mobilise des personnes du monde entier le 14 mars (date anniversaire de la mort de Marielle) et en juillet à l’occasion de son anniversaire. Plus d’un million de signatures ont été recueillies dans le cadre de ces campagnes en faveur de l’affaire, ce qui a permis d’attirer l’attention du monde entier.
En 2018, l’histoire de Marielle et d’Anderson a été présentée dans le cadre d’Écrire pour les droits, la campagne mondiale d’Amnesty pour la défense des droits humains.
Cette année, Amnistie internationale a diffusé le document Lettres sur la table, qui énonce les six principales raisons du retard dans l’élucidation du crime, ainsi que six recommandations urgentes pour des mesures de non-répétition.