Les accusations fallacieuses retenues contre un militant dans l’affaire de la vidéo satirique sur Salt Bae doivent être abandonnées
Les autorités vietnamiennes doivent immédiatement abandonner les accusations de « propagande contre l’État » retenues contre le militant Bui Tuan Lam, qui risque jusqu’à 12 ans d’emprisonnement en raison de critiques et de contenus satiriques, notamment, publiés sur les réseaux sociaux et relatifs à des questions liées aux droits humains au Viêt-Nam, a déclaré Montse Ferrer, directrice régionale adjointe par intérim pour la recherche à Amnistie internationale, alors que Bui Tuan Lam devait passer en jugement le 25 mai.
« Les autorités vietnamiennes doivent abandonner ces accusations fallacieuses et libérer immédiatement et sans condition Bui Tuan Lam. Les autorités s’en prennent à lui en raison de ses billets et de ses vidéos, ce qui témoigne de la répression par les autorités vietnamiennes du droit à la liberté d’expression, y compris face à des propos forts bénins. La satire n’est pas un crime. Cette parodie de justice doit cesser.
« Ces accusations mettent gravement en doute la détermination des autorités vietnamiennes à respecter les normes internationales relatives aux droits humains. Les autorités doivent mettre fin à la très large utilisation de l’article 117 contre les défenseur·e·s des droits humains, les militant·e·s et les autres personnes qui expriment pacifiquement leurs opinions et leurs idées, si elles veulent éviter de tourner en ridicule leur présence au Conseil des droits de l'homme.
« Rien dans cette affaire ne s’apparente aux normes d’équité internationales, car Bui Tuan Lam est maintenu en détention provisoire depuis presque un an et il n’a que récemment pu prendre contact avec son avocat.
« Cette affaire est emblématique de l’état très préoccupant des droits humains au Viêt-Nam, où même la plus légère incartade satirique peut être durement sanctionnée par les autorités. La communauté internationale doit demander aux autorités vietnamiennes de mettre fin à la répression implacable des droits fondamentaux. »
Complément d’information
En novembre 2021, le militant Bui Tuan Lam a été convoqué par la police de la ville de Da Nang en raison d’une de ses vidéos devenue virale sur Facebook. Dans cette vidéo – réalisée à la suite de la diffusion d’images, qui ont fait scandale au Viêt-Nam, montrant le ministre vietnamien de la Sécurité publique, To Lam, en train de manger dans le très coûteux restaurant londonien du célèbre chef turc Nusret Gökçe, dit Salt Bae –, Bui Tuan Lam sert des nouilles dans son échoppe en reprenant les gestes de Salt Bae.
Cette vidéo satirique a amené de nombreuses personnes à gratifier Bui Tuan Lam du sobriquet « Bae la ciboule ». La page Facebook et la chaîne YouTube de Bui Tuan Lam, sur lesquelles il exprime ses opinions au sujet des droits humains et de questions sociales sur un ton souvent humoristique, comptent plus de 12 000 abonnés.
Le 7 septembre 2022, il a été arrêté au titre de l’article 117 du Code pénal de 2015, qui sanctionne la diffusion de « propagande contre l’État » et qui est régulièrement utilisé contre les défenseur·e·s des droits humains. Cet article prévoit une peine pouvant aller jusqu’à 12 ans d’emprisonnement.
Le 6 avril 2023, son épouse, Le Thanh Lam, a été avertie par les autorités du fait que l’enquête ouverte contre Bui Tuan Lam était terminée. Selon la famille de cet homme, les accusations retenues contre lui sont basées sur plusieurs dizaines de ses vidéos publiées sur Facebook et YouTube.