Myanmar. Les livraisons de carburant d'aviation doivent de toute urgence être suspendues au vu des dommages considérables causés par les frappes aériennes
Réagissant aux informations faisant état de frappes aériennes meurtrières sur la municipalité de Kanbulu, dans la région de Sagaing, Montse Ferrer, chargée de recherches sur la responsabilité des entreprises en matière de droits humains à Amnistie internationale , a déclaré :
« Les premières informations que nous avons recueillies au sujet des frappes aériennes meurtrières sur la région de Sagaing sont effroyables. Les attaques aériennes qui tuent et blessent des civil·e·s et qui détruisent leurs habitations sont typiques de l’armée myanmar, qui n’hésite pas à recourir à d’ignobles agissements pour écraser la résistance et instiller la peur au sein de la population. La population civile du Myanmar est la première victime de cette stratégie révoltante.
« Les attaques aériennes menées sans répit dans tout le Myanmar soulignent l’urgente nécessité de suspendre les importations de carburant d'aviation. Amnistie réitère les appels qu’elle a lancés à tous les États et toutes les entreprises concernés pour qu’ils mettent fin aux livraisons de carburant qui risquent au final de se retrouver entre les mains de l’armée de l’air du Myanmar. Cette chaîne d’approvisionnement qui favorise des violations du droit international humanitaire, notamment des crimes de guerre, doit être suspendue afin de sauver des vies.
« Des initiatives importantes ont certes été prises, mais la communauté internationale peut et doit faire davantage pour mettre fin aux attaques menées contre les civil·e·s au Myanmar. Les frappes aériennes ont eu lieu très peu de temps avant le deuxième anniversaire du consensus en cinq points sur le Myanmar de l’ANASE, qui n’a absolument pas permis de mettre un terme aux atrocités commises par l’armée.
« Au lieu de rester en arrière-plan, l’ANASE doit prendre les devants et jouer un rôle de premier plan dans la résolution de la catastrophe humanitaire qui a lieu au Myanmar. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit trouver le moyen de prendre des mesures efficaces pour amener l’armée du Myanmar à répondre de ses actes, notamment en saisissant le procureur de la Cour pénale internationale de la situation dans ce pays. »
Complément d’information
Dans la matinée du 11 avril, l’armée du Myanmar a procédé à des frappes aériennes sur un village de la municipalité de Kanbulu, dans la région de Sagaing, selon les premières informations que nous avons recueillies et des vidéos diffusées par des médias. Un nombre indéterminé de personnes, parmi lesquelles des enfants, ont été tuées lors de cette attaque. Amnistie internationale n’a pas été en mesure de vérifier de façon indépendante les informations à ce sujet.
Depuis le coup d’État du 1er février 2021, Amnistie internationale a réuni des informations sur des violations massives des droits humains, y compris des crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité, commises dans le cadre de la répression exercée par l’armée contre l’opposition à travers le pays.
En novembre 2022, Amnistie internationale a lancé une campagne appelant à la suspension des livraisons de carburant d’aviation afin d’empêcher l’armée du Myanmar de mener des frappes aériennes illégales. Nos recherches ont aussi permis de déterminer quelles sont les entreprises impliquées dans cette chaîne d’approvisionnement.
La veille du deuxième anniversaire du coup d’État militaire du 1er février 2021, plusieurs pays ont adopté de nouvelles sanctions contre le Myanmar, en se concentrant cette fois sur le secteur du carburant d'aviation.
Le gouvernement canadien a interdit l’exportation, la vente, l’approvisionnement et la livraison de carburant d’aviation à l’armée du Myanmar. Le Royaume-Uni a également annoncé des sanctions ciblant deux entreprises myanmar et deux individus qu’Amnistie internationale a désignés dans son rapport Deadly Cargo: Exposing the supply chain that fuels war crimes in Myanmar en expliquant qu’ils jouaient un rôle essentiel dans l’importation, la manutention et le transport de carburant d’aviation destiné aux forces aériennes du Myanmar.
En mars 2023, le Royaume-Uni a annoncé une deuxième série de sanctions contre des personnes et des entreprises qu’Amnistie internationale a désignées lors de ses dernières recherches en date sur les livraisons de carburant d'aviation au Myanmar.
L’Union européenne et les États-Unis ont aussi annoncé des sanctions visant plusieurs individus et entités qui ont joué un rôle dans l’importation, le stockage et la distribution de carburant d’aviation destiné à l’armée du Myanmar.