Liban. La déclaration conjointe présentée lors du Conseil des droits de l’homme demande que les responsables de l’explosion de Beyrouth rendent des comptes
En réaction à la déclaration conjointe présentée par l’Australie devant le Conseil des droits de l’homme le 7 mars 2023, qui appelle les autorités libanaises à mener une enquête rapide, indépendante et crédible sur l’explosion du port de Beyrouth, Aya Majzoub, directrice régionale adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnsitie internationale, a déclaré :
« La déclaration conjointe présentée au Conseil des droits de l'homme confirme que le monde est déterminé à faire en sorte que justice soit rendue dans l'affaire de l'explosion meurtrière au port de Beyrouth et montre que la communauté internationale se tient aux côtés des victimes et de leurs familles. Elle adresse également un message clair aux autorités libanaises : leurs manœuvres honteuses pour entraver et saboter l'enquête nationale ne sont pas passées inaperçues.
« Les familles des victimes, les victimes et le peuple libanais méritent justice, vérité et réparations. Les autorités libanaises doivent veiller à ce que l'enquête se déroule sans ingérence politique et à ce qu’elle reste impartiale à tout moment.
« Si des changements significatifs n’interviennent pas rapidement, la communauté internationale doit intensifier sa réponse en mettant sur pied une mission internationale d’établissement des faits sur l'explosion. »
Complément d’information
Lors de la 52e session du Conseil des droits de l'homme, au moins 38 États ont publié une déclaration commune exprimant leur inquiétude quant au retard pris par le Liban dans l'enquête sur l’explosion au port de Beyrouth. Ils invitent les autorités à faire respecter le droit des victimes à un recours effectif, notamment à une réparation adéquate, efficace et rapide pour les préjudices subis. Ils les engagent également « à respecter leurs obligations internationales en matière de droits humains et à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir, en droit et en pratique, l'indépendance et l'impartialité totales de la justice libanaise ».
Plus de deux ans et demi après l'explosion au port de Beyrouth, qui a fait plus de 220 morts, l'enquête nationale stagne en raison des ingérences répétées des autorités libanaises et des tentatives visant à remplacer l'enquêteur principal, le juge Tarek Bitar. Celui-ci a inculpé de nombreux hauts responsables politiques et de la sécurité.
Depuis l’explosion, Amnsitie internationale et des organisations de défense des droits ont recensé toute une série de lacunes procédurales et systémiques dans l’enquête nationale, notamment l'ingérence politique, l'immunité accordée à de hauts responsables politiques et le non-respect des normes en matière de procédure régulière et de procès équitable.