Kirghizistan. Il faut abandonner les accusations forgées de toutes pièces contre des militant·e·s ayant manifesté contre un accord frontalier avec l’Ouzbékistan
En réaction aux informations selon lesquelles les autorités kirghizes inculpent 27 militant·e·s ayant manifesté contre un accord frontalier avec l’Ouzbékistan de « tentative de renverser le gouvernement », Heather McGill, chercheuse sur l’Asie centrale à Amnistie internationale, a déclaré :
« Il est absurde que ces personnes soient jugées pour l’accusation fallacieuse de tentative de renverser l’État. Les militant·e·s et les hommes et femmes politiques qui encourent des poursuites sont injustement sanctionnés, au seul motif qu’ils ont exercé leurs droits à la liberté de réunion pacifique et d’expression.
« Les nombreuses violations de procédure qui entachent cette affaire montrent bien que ces accusations sont motivées par des considérations politiques et visent à museler les détracteurs de l’État. Peu de preuves ont été présentées à l’appui de ces accusations, hormis des courriels, des textos et des publications sur les réseaux sociaux exprimant une dissidence légitime et appelant à des rassemblements pacifiques.
« Critiquer la politique et les décisions des autorités n’est pas un crime. Le gouvernement kirghize doit garantir que les voix indépendantes peuvent s’exprimer dans l’arène du débat public. Il faut abandonner toutes les charges infondées qui pèsent sur ces manifestant·e·s injustement détenus et les libérer immédiatement. »
Complément d’information
En octobre 2022, plus de 20 militant·e·s de la société civile et femmes et hommes politiques, dont le journaliste bien connu Aydanbek Akmatov, ont été arrêtés. Ces interpellations se sont déroulées alors que les autorités finalisaient un accord frontalier avec l’Ouzbékistan qui cède à ce pays le contrôle du réservoir d’eau de Kempir-Abad (Andizhan).
Les accusé·e·s avaient appelé à un rassemblement public à Uzgen, une ville située près de la frontière avec l’Ouzbékistan, et avaient formé un comité afin de s’opposer à l’accord et d’exiger la transparence.
Ils ont tout d’abord été détenus sous l’inculpation d’organisation de troubles de masse (alors qu’aucun élément n’a été présenté attestant qu’ils avaient des intentions autres que pacifiques). Ils sont maintenant accusés d’avoir tenté de renverser le gouvernement avec violence, ce qui est passible d’une peine maximale de 15 ans d’emprisonnement.
Si certains ont été libérés et assignés à résidence, 17 d’entre eux sont toujours détenus dans des conditions épouvantables, dans un centre de détention provisoire à Bichkek. En outre, plusieurs souffrent de graves problèmes de santé, notamment la défenseure des droits humains Rita Karasartova, qui lutte contre de graves affections.