Inde. Les descentes de l’administration fiscale dans les locaux de la BBC constituent une « atteinte à la liberté d’expression »
En réaction aux informations indiquant que des fonctionnaires de l’administration fiscale indienne ont procédé à des « contrôles » dans les locaux de la British Broadcasting Corporation (BBC) à Delhi et à Mumbai, seulement quelques semaines après la diffusion par cette chaîne d’un documentaire critiquant le Premier ministre Narendra Modi, Aakar Patel, président du bureau exécutif d’Amnistie internationale Inde, a déclaré :
« Les descentes de l’administration fiscale, qui sont présentées comme des “contrôles”, ont eu lieu moins d’un mois après que la BBC a diffusé un documentaire qui critiquait ouvertement Narendra Modi. Elles constituent une atteinte manifeste à la liberté d’expression. Il est évident que les autorités indiennes tentent de harceler et d’intimider la BBC pour sa couverture critique de l’action du parti au pouvoir, le Parti du peuple indien Bharatiya Janata.
« Les pouvoirs trop vastes du département indien de l’impôt sur le revenu sont régulièrement utilisés pour museler la dissidence. L’an dernier, des fonctionnaires de l’administration fiscale ont également contrôlé les locaux de plusieurs ONG, dont Oxfam Inde. Ces manœuvres d’intimidation, qui mettent à mal le droit à la liberté d’expression en Inde, doivent cesser immédiatement. »
Complément d’information
Mardi 14 février dans la matinée, des fonctionnaires de l’administration fiscale indienne ont effectué une descente dans les locaux de la BBC à New Delhi et à Mumbai, sous prétexte de procéder à des « contrôles fiscaux ». Selon certains médias, les téléphones et les ordinateurs portables du personnel ont été saisis et les entrées et sorties des locaux ont été restreintes. Les fonctionnaires ont indiqué que l’administration enquêtait sur de possibles « irrégularités » fiscales.
Cette descente a eu lieu moins d’un mois après la diffusion par la BBC d’un documentaire en deux parties intitulé India: The Modi Question, qui se penchait sur les émeutes survenues au Gujarat en 2002 et étudiait l’avènement des discours prônant la haine et la violence parmi les sympathisant·e·s du Parti du peuple indien Bharatiya Janata, qui est au pouvoir, ainsi que la réduction de l’espace accordé à l’opposition dans le pays depuis l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi en 2014. Après la diffusion du documentaire, des membres de ce parti ont accusé la BBC d’être « corrompue » et « historiquement marquée par sa haine de l’Inde ».
Le gouvernement a affirmé que le documentaire était une forme de « propagande » et a utilisé ses pouvoirs d’exception pour empêcher le public de le visionner sur des plateformes de réseaux sociaux telles que Twitter et YouTube.
Le 10 février, la Cour suprême indienne a rejeté une requête en vue d’interdire le documentaire de la BBC. Elle a qualifié cette requête de « totalement inadaptée » et « sans fondement », et elle a désapprouvé la censure complète du documentaire.