Hong Kong. Il faut libérer les militant·e·s arrêtés pour avoir exprimé des inquiétudes quant aux élections
En réaction à l’arrestation de plusieurs personnes en marge des élections du Conseil de district de Hong Kong, qui se sont déroulées dimanche 10 décembre 2023, Sarah Brooks, directrice régionale adjointe pour la Chine à Amnistie internationale, a déclaré :
« Nous constatons que l’étau se resserre sur la dissidence depuis l’adoption de la Loi sur la sécurité nationale de Hong Kong qui conduit de nombreux militant·e·s de l’opposition en prison ou en exil. Chacun, à Hong Kong comme ailleurs, a le droit d’exprimer des opinions critiques sur la politique du gouvernement, notamment la réorganisation du système électoral dans la ville.
« Il apparaît que ces actions menées par les autorités empiètent sur les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Elles doivent libérer toutes les personnes arrêtées et abandonner les accusations portées à leur encontre.
« Le gouvernement de Hong Kong doit protéger le droit de manifester et respecter les droits des habitant·e·s de Hong Kong de s’opposer pacifiquement à un système que beaucoup considèrent comme restreignant leur droit de prendre effectivement part aux affaires publiques et limitant la diversité des voix incluses dans le processus politique. »
Complément d’information
Du 5 au 10 décembre, les autorités de Hong Kong ont arrêté sept personnes, et décerné des mandats d’arrêt contre deux autres se trouvant à l’étranger, au titre de l’article 27a de l’Ordonnance sur les élections (Corruption et conduite illégale). Elles sont accusées d’avoir « incité autrui à ne pas voter ou à mettre dans l’urne un bulletin non valide ».
Six sur sept ont été arrêtées le jour du scrutin, le 10 décembre. Trois sont membres de la Ligue des sociaux-démocrates, un parti d’opposition, et s’apprêtaient à manifester devant le bureau de vote du chef de l’exécutif de Hong Kong, John Lee. Les autres sont ciblées en raison de leur expression en ligne sur les réseaux sociaux, notamment pour avoir republié des commentaires des deux personnes se trouvant à l’étranger. Toutes encourent jusqu’à trois ans d’emprisonnement et une amende de 200 000 dollars de Hong Kong (23 500 euros).
Un autre individu a été inculpé le 9 décembre de « tentative ou préparation d’un acte avec une intention séditieuse », semble-t-il parce qu’il prévoyait de manifester contre les élections devant le bureau d’enregistrement et d’élection.
Après l’adoption de la Loi sur la sécurité nationale le 30 juin 2020, le gouvernement central chinois a poursuivi en imposant des changements au système électoral de Hong Kong l’année suivante. Le gouvernement de Hong Kong a alors modifié l’Ordonnance sur les élections en vue de restreindre la libre expression autour de ces élections « réservées aux patriotes ». Elle a été invoquée en 2022 afin d’engager des poursuites contre les personnes à Hong Kong manifestant contre les élections du Conseil législatif. Les autorités de Hong Kong ont affirmé à plusieurs reprises que la loi s’applique aussi de manière extraterritoriale.
L’élection du 10 décembre, pour laquelle 10 000 policiers ont été déployés, a enregistré un taux de participation particulièrement faible de 27 %. La dernière élection du Conseil de district en 2019, avant la Loi sur la sécurité nationale, s’est soldée par une victoire écrasante du camp favorable à la démocratie et un taux de participation record de 71 %.