• 10 mai 2023
  • Corée du Sud
  • Communiqué de presse

« Entendez-nous rugir ». Les femmes sud-coréennes réclament la justice de genre, alors que le président s’est engagé à supprimer le ministère de l’Égalité des sexes et de la Famille

  • Des militant·e·s installent un mégaphone géant devant le bureau présidentiel
  • La campagne appelle le président Yoon Suk-yeol à mettre un terme aux démarches visant à abolir le ministère de l’Égalité des sexes et de la Famille

Un an après l’arrivée au pouvoir de Yoon Suk-yeol, Amnistie internationale a lancé une campagne mondiale appelant le président sud-coréen à mettre fin aux démarches visant à abolir le ministère de l’Égalité des sexes et de la Famille.

Amnistie internationale Corée, en équipe avec plusieurs militant·e·s sud-coréens des droits des femmes et organisations de la société civile, a installé un mégaphone violet géant devant le bureau présidentiel à Séoul, afin de réclamer la justice en matière d’égalité hommes-femmes dans un contexte de détérioration des droits des femmes.

« Le président Yoon Suk-yeol est arrivé au pouvoir à l’issue d’une campagne clivante, au cours de laquelle il a affirmé que les femmes en Corée du Sud ne sont plus victimes d’inégalités liées au genre et que le féminisme est détourné dans le but de générer un conflit entre les hommes et les femmes. Rien n’est plus faux : des voix féministes fortes sont plus que jamais nécessaires en Corée du Sud pour lutter contre l’inégalité généralisée, la discrimination et l’augmentation de la violence liée au genre en ligne et hors ligne, a déclaré Minjung Shin, présidente du conseil d’administration d’Amnistie internationale Corée.

« Cette rhétorique antiféministe est trompeuse et sape les efforts des femmes et de tous ceux qui tentent de faire entendre leur voix en faveur de la justice de genre. Les femmes ont mené un combat long et ardu pour obtenir l’égalité des droits. Le ministère de l’Égalité des sexes et de la Famille, bien qu’imparfait à bien des égards, a joué un rôle important. La promesse de campagne du président Yoon Suk-yeol de l’abolir s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus vaste visant à revenir sur des acquis obtenus de haute lutte en matière de droits des femmes. »

Dans le cadre de sa campagne mondiale, Amnistie internationale diffuse également une série de vidéos intitulée Hear Us Roar (« Entendez-nous rugir »). Elle présente des interviews de femmes sud-coréennes connues, dont l’actuelle présidente de la commission parlementaire qui supervise les travaux du ministère de l’Égalité des sexes et de la Famille, Kwon In-sook.

Amnistie internationale prévoit des actions de solidarité dans le monde entier pour soutenir les femmes en Corée du Sud qui luttent pour la justice et l’égalité de genre. Les pétitions recueillies grâce à l’action en ligne seront remises au bureau présidentiel avant l’ouverture de la session parlementaire ordinaire en septembre.

 

Complément d’information

En tant que candidat à la présidence en 2022, Yoon Suk-yeol s’est engagé à supprimer le ministère de l’Égalité des sexes et de la Famille et, avec le Parti du pouvoir du peuple (PPP), à la tête du pays, il continue de réclamer sa suppression.

Les mesures visant à abolir ce ministère ont un impact significatif sur les droits des femmes, y compris sur les engagements affichés au titre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ratifiée en 1984.

Créé en 2001, ce ministère coordonne les politiques relatives à l’égalité hommes-femmes menées au sein de tous les ministères. S’il est aboli, il n’existera plus de mécanisme central permettant d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques de promotion des droits des femmes. Il est important de noter qu’il est chargé de coordonner les rapports du gouvernement aux Nations unies dans le cadre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Sous la présidence de Yoon Suk-yeol, le gouvernement a supprimé les termes « égalité des genres », « droits relatifs à la santé en matière de sexualité et de procréation » et « minorité sexuelle » du programme scolaire national. Parallèlement, les administrations locales du pays ont été renommées afin de supprimer toute référence au genre.

En Corée du Sud, les femmes sont confrontées à de multiples obstacles juridiques, sociaux et économiques et à des discriminations dans tous les domaines, ainsi qu’à des niveaux élevés et croissants de violence liée au genre, en ligne et hors ligne. Le pays affiche le plus grand écart salarial entre hommes et femmes parmi les 38 nations de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et les femmes demeurent sous-représentées aux postes de direction, puisqu’elles représentent 19 % des parlementaires et moins de 5 % des cadres des 100 entreprises ayant les chiffres d’affaires les plus élevés du pays.