Chine. Les lourdes peines de prison prononcées contre des défenseur·e·s des droits humains sont « honteuses »
Réagissant aux longues peines d’emprisonnement auxquelles ont été condamnés Xu Zhiyong, éminent juriste, et Ding Jiaxi, avocat spécialisé dans la défense des droits humains, Alkan Akad, spécialiste de la Chine à Amnistie internationale , a déclaré :
« Les condamnations honteuses visant Xu Zhiyong et Ding Jiaxi, défenseurs de renom des droits humains, constituent des violations flagrantes de leurs droits à la liberté d’expression et de réunion. Ils doivent être libérés immédiatement et sans condition.
« Personne ne devrait être incarcéré pour avoir simplement assisté à une réunion pacifique. Ayant subi des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements pendant des années de détention arbitraire, Xu Zhiyong et Ding Jiaxi risquent désormais d’être condamnés à passer plus de 10 ans derrière les barreaux à l’issue de procès secrets et truqués.
« Ces peines mettent en relief la situation de plus en plus difficile des défenseur·e des droits humains en Chine sous le gouvernement du président Xi Jinping, où les tentatives visant à améliorer la vie d’autrui par le biais d’un travail légitime en faveur des droits fondamentaux se heurtent à des arrestations, des actes de torture et de lourdes peines d’emprisonnement. »
Complément d’information
Xu Zhiyong et Ding Jiaxi ont été condamnés à respectivement 14 et 12 ans de prison par un tribunal de la province du Shandong lundi 10 avril, selon un tweet publié par l’épouse de Ding Jiaxi.
Xu Zhiyong et Ding Jiaxi sont des membres reconnus du « Mouvement des nouveaux citoyens », réseau informel de militant·e·s fondé par Xu Zhiyong en 2012 pour réclamer plus de transparence au sein du gouvernement et dénoncer la corruption.
Ils comptent des dizaines d’avocat·e·s et de militant·e·s pris pour cibles après avoir assisté à une réunion informelle qui s’est déroulée à Xiamen, ville côtière du sud-est de la Chine, en décembre 2019, au cours de laquelle ils ont débattu de la situation de la société civile et de l’actualité dans le pays.
Au cours du mois de décembre 2019, dans diverses régions du pays, la police a convoqué ou placé en détention des personnes ayant participé à cette réunion.
Ding Jiaxi a été détenu au secret « en résidence surveillée dans un lieu désigné » pendant plus d’un an après son arrestation le 26 décembre 2019.
D’après ses amis, Xu Zhiyong est entré en clandestinité après la réunion de décembre 2019. Début février 2020, il avait réclamé la démission du président Xi Jinping, critiquant sa gestion de la crise du coronavirus et des manifestations prodémocratie à Hong Kong.
Arrêté le 15 février 2020 alors qu’il se trouvait au domicile d’un autre militant, il a par la suite également été détenu au secret « en résidence surveillée dans un lieu désigné » jusqu’au 21 janvier 2021.
Les deux hommes ont été soumis à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements durant leur détention, notamment pendant de longues heures d’interrogatoire : ils ont ainsi été attachés les membres contorsionnés à une chaise métallique appelée « chaise du tigre », pendant plus de 10 heures par jour, durant de nombreux jours.
Un tel traitement est contraire à l’interdiction absolue de la torture et des autres mauvais traitements consacrée par le droit international relatif aux droits humains.
Les autorités ont enquêté conjointement sur les cas de Xu Zhiyong et Ding Jiaxi jusqu’au 20 janvier 2021, puis les deux hommes ont été inculpés de « subversion de l’État » et leurs avocats ont été informés que leurs dossiers seraient traités séparément.