Cinq ans sans Marielle et Anderson : Amnistie internationale Brésil établit une chronologie entre ces homicides et le jour présent à Rio de Janeiro
Par le biais d’actions de rue et d’une pétition en ligne, le mouvement mondial réclame au président Lula que justice soit rendue et que ce crime soit élucidé.
Mardi 14 mars 2023 marquera cinq ans, soixante mois ou 1 825 jours passés sans Marielle Franco et Anderson Gomes. Face à la lenteur des enquêtes, Amnistie internationale Brésil organise l’événement « Cinq ans d’injustices en série », de 9 heures à 18 heures sur la Praça Mauá, à Rio de Janeiro. Le but est de réclamer que justice soit rendue et que toute la lumière soit faite sur le meurtre de la défenseure des droits humains et de son chauffeur. Afin de commémorer les victimes et de maintenir la pression afin d'obtenir des réponses, une pancarte de 8 mètres de large sur 2,50 mètres de haut affichant la chronologie des événements sera érigée afin de symboliser les cinq années écoulées. Une pétition en ligne est également disponible sur le site Internet d'Amnistie internationale Brésil, et des actions de pression sont menées en direction du gouvernement fédéral de Luís Inácio Lula da Silva, du gouvernement de Cláudio Castro dans l'État de Rio de Janeiro, et du parquet, afin de les inciter à déployer tous les efforts et ressources possibles, de sorte que les enquêtes puissent être menées dans les meilleurs délais de manière impartiale, transparente et efficace.
« Nous avons connu cinq ans d'injustice et de questions sans réponse. Amnistie internationale se joint au monde entier pour rendre hommage à Marielle Franco et Anderson Gomes, et pour que leurs familles puissent obtenir justice et des réparations. Ces cinq dernières années, la responsabilité de ces enquêtes est revenue à six chefs de la police différents, 11 procureur·e·s, quatre secrétaires de la police, trois gouverneurs, un médiateur fédéral, deux procureurs généraux et trois président·e·s de la République, mais nous n'avons toujours aucune réponse. Qui a commandité l'assassinat de Marielle et Anderson, et pourquoi? Il est inacceptable qu'au bout de cinq ans, aucun des responsables de cette enquête n'ait pu élucider ce crime. À la lumière de tout cela, nous demandons au président Lula d'établir, par le biais d’une coopération internationale, un mécanisme international regroupant des expert·e·s indépendants chargés de soutenir le parquet, la police et d'autres institutions de l'État dans le cadre des investigations sur cette affaire. Nous ne voulons pas redescendre dans la rue dans un an pour demander une nouvelle fois des réponses », a déclaré Jurema Werneck, directrice exécutive d'Amnistie internationale Brésil.
Amnistie internationale Brésil affirme une nouvelle fois que les proches de Marielle et d’Anderson, et leurs représentants doivent obtenir l'assurance de leur droit à une enquête transparente, et notamment pouvoir accéder au dossier. Cela n'est jamais arrivé jusqu’à présent. Une rencontre a eu lieu avec des membres du bureau du procureur de l’État de Rio de Janeiro le 7 mars, et l’équipe d’Amnistie internationale Brésil a sollicité une entrevue avec Claudio Castro, gouverneur de l’État de Rio de Janeiro, pour le 14 mars.
« L’absence persistante de transparence est inacceptable. Même les familles et leurs avocats n’ont pas accès au travail des enquêteurs. Cela fait cinq ans que nous demandons à rencontrer les autorités de l’État, et que l’on nous assure qu’elles s’efforceront d’élucider ce crime, mais nous n’avons rien vu pour l’instant. Il est inadmissible qu’au bout de cinq ans, personne n’ait été reconnu coupable pour ce crime qui a choqué le monde », a déclaré Jurema Werneck.
Événement : Cinq ans d’injustices en série
Que peut-t-il se passer en 60 mois ? Ou plutôt, en 1 825 jours ? Sur le plan individuel et public, il y a eu de nombreux changements et événements. Pour partager avec nous ce qui a changé dans votre vie ces cinq dernières années, vous pouvez enregistrer des vidéos, vous souvenir de photos, diffuser notre matériel d’information et publier des messages sur vos réseaux sociaux avec les hashtags #HoradeFazerJustice et #JustiçaporMarielleEAnderson [L’heure de la justice a sonné / Justice pour Marielle et Anderson].
Les personnes se trouvant dans le centre de Rio de Janeiro sur la Praça Mauá le 14 mars, ou dans les villes de Campinas, Porto Alegre, Fortaleza, Belém ou Brasília les 11 et 12 mars pourront écrire ce qu’elles ont vécu et traversé ces cinq dernières années, sur un grand panneau dressé par Amnistie internationale Brésil, en solidarité avec les familles de Marielle et d’Anderson.
À Rio de Janeiro, l’action menée inclura aussi un panneau devant lequel les participant·e·s pourront poser pour des photos qu’ils pourront ensuite publier sur les réseaux sociaux avec les hashtags #HoraDeFazerJustiça et #JusticePorMarielleEAnderson, en plus de la chronologie retraçant les évolutions de l’affaire sur le plan juridique. Des sections d’Amnistie internationale du monde entier participeront à des actions visant à faire pression sur les autorités, et se joindront à nous sur les réseaux et dans la rue.
« Nous continuerons à descendre dans la rue jusqu’à ce que justice soit faite. Depuis l’assassinat de Marielle et d’Anderson, Amnistie internationale mène un travail de sensibilisation dans le monde afin que leur histoire ne tombe pas dans l’oubli. Nous continuerons à nous battre avec courage afin d’honorer l’importance de Marielle Franco, en tant que militante et défenseure des droits humains », a déclaré Jurema Werneck.
Amnistie internationale demande justice depuis 2018
Ces cinq dernières années, Amnistie internationale Brésil, les familles des victimes et la personne ayant survécu à cette attaque meurtrière ont rencontré à plusieurs reprises les autorités censées garantir des enquêtes efficaces dans les meilleurs délais, comme par exemple le gouverneur de Rio de Janeiro, qui est responsable de la police au niveau de l’État, les chefs de la section homicides et du service de la sécurité personnelle à Rio de Janeiro, ainsi que divers procureurs, en particulier le procureur général, au parquet de Rio de Janeiro. Aucune de ces personnes n’a, pour l’instant, fourni de réponse satisfaisante.
Durant cette période de cinq ans, six chefs de la police différents, 11 procureur·e·s, quatre secrétaires de la police, trois gouverneurs, un médiateur fédéral, deux procureurs généraux et trois président·e·s de la République, ont été responsables de ce dossier, mais l’affaire n’a toujours pas été élucidée.
Cinq années représentent des vies, des rêves et des victoires. Marielle était une mère, une femme, une conseillère municipale, une fille, une marraine et une sœur. Elle n’a pas vu sa fille terminer ses études, sa sœur obtenir une maîtrise et devenir ministre au sein du gouvernement ; elle n’a pas pu voir, ni vivre les petites joies du quotidien avec Monica, sa compagne. La vie d’Anderson a elle aussi été écourtée, et il n’a pas pu être témoin des réussites de son épouse, de son fils, et a été privé de moments de bonheur en famille. Beaucoup de choses peuvent se passer dans une vie et dans de nombreux combats en cinq ans. Amnistie internationale Brésil ne cessera d’encourager des personnes du monde entier à faire pression sur les autorités, afin qu’elles répondent à la question : « Qui a commandité le meurtre de Marielle Franco et d’Anderson Gomes, et pourquoi ? »