Tadjikistan. La visite de la rapporteuse spéciale de l’ONU offre l’occasion d’engager des réformes et de libérer les défenseur·e·s des droits incarcérés
En réaction à la visite de Mary Lawlor, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits de l’homme au Tadjikistan, qui s’est achevée le 9 décembre, Marie Struthers, directrice pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnistie internationale, a déclaré :
« En sa qualité de représentante de l’ONU sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits humains, Mary Lawlor s’est rendue au Tadjikistan et a rencontré des défenseur·e·s des droits et des journalistes indépendants incarcérés illégalement, avant de faire une déclaration audacieuse au terme de sa mission. Nous espérons que cela permettra de braquer les projecteurs sur la situation déplorable des droits humains dans le pays et que les autorités tadjikes suivront ses recommandations. Les défenseur·e·s des droits humains emprisonnés sont soumis à des difficultés extrêmes et à des violences au Tadjikistan et sont détenus dans des conditions horribles, parfois avec un contact très limité voire inexistant avec le monde extérieur. La situation du prisonnier d’opinion Bouzourgmekhr Orov mérite toute notre attention. Toutefois, il n’est qu’un militant parmi les nombreux qui sont injustement incarcérés.
« Placé derrière les barreaux pour avoir défendu les droits fondamentaux et représenté les intérêts d’autres défenseur·e·s et militant·e·s de la société civile au tribunal, Bouzourgmekhr Orov est confronté à la perspective effrayante d’être totalement coupé du monde extérieur, au risque de subir torture et mauvais traitements, et d’être privé des soins médicaux dont il a besoin.
« Bouzourgmekhr Orov doit être libéré car il n’a commis aucun crime reconnu par le droit international et est la cible de représailles en raison de son travail légitime en faveur de la protection des droits humains et de l’établissement de la justice. Il en va de même pour tous ceux qui sont emprisonnés sous de fausses accusations. »
Complément d’information
Selon ses soutiens, le prisonnier d’opinion Bouzourgmekhr Orov, avocat spécialiste des droit humains et militant, a été hospitalisé à l’infirmerie de la prison dans la soirée du 23 novembre, après avoir été transféré dans une cellule punitive où il aurait été torturé une semaine auparavant. Bouzourgmekhr Orov a réussi à faire parvenir à sa famille une note depuis la prison dans laquelle il explique qu’il est transféré de la colonie pénitentiaire de Vakhdat vers un centre de détention de haute sécurité dans la capitale Douchanbé, et qu’il n’aura pas la possibilité de communiquer avec le monde extérieur durant les deux prochaines années.
Bouzourgmekhr Orov purge une peine de 24 ans de prison après avoir été déclaré coupable d’accusations à caractère politique, notamment de fraude et d’« offense au chef de la Nation », à l’issue d’une série de procès manifestement iniques en 2016 et 2017. Il a toujours nié ces accusations.