Russie. Une militante féministe acquittée d’accusations absurdes de « pornographie »
En réaction à l’acquittement de la militante féministe et artiste Ioulia Tsvetkova, inculpée de « diffusion de matériaux pornographiques » pour avoir créé des illustrations présentant une image positive des organes reproducteurs féminins, un délit passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison, Marie Struthers, directrice pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnistie internationale, a déclaré :
« L’acquittement de Ioulia Tsvetkova marque le triomphe rare et bienvenu du bon sens et de la justice sur la répression implacable. Dans un pays où l’homophobie et la misogynie cautionnées par l’État sont la norme, le procès de Ioulia Tsvetkova a fait date. Son acquittement doit créer un nouveau précédent qui garantisse le respect et la protection du droit à la liberté d'expression pour tous.
« Depuis plus de trois ans, Ioulia Tsvetkova subit des mauvais traitements incessants de la part des autorités, sous forme de procédures pénales, d’amendes, de menaces, d’arrestations et de restrictions de déplacement, mesures imposées uniquement en réaction à ses activités militantes pacifiques.
« Les autorités russes doivent cesser immédiatement de cibler les féministes et les militant·e·s LGBTI. Elles doivent au contraire honorer leurs obligations internationales en matière de droits humains en permettant l’émergence d'un environnement sûr et favorable dans lequel les défenseur·e·s des droits humains pourront travailler sans crainte de représailles. »
Complément d’information
Le 15 juillet, le tribunal central de district de Komsomolsk-sur-l’Amour, dans l'Extrême-Orient russe, a acquitté Ioulia Tsvetkova et l'a innocentée de tous les chefs d'accusation. Elle était accusée d'avoir créé et partagé des images « pornographiques » – notamment des dessins positifs du corps des femmes représentant le vagin comme un beau symbole en forme de fleur – sur VKontakte, un site russe de réseaux sociaux.
Elle a été arrêtée le 20 novembre 2019 et placée en résidence surveillée jusqu’au 16 mars 2020. En décembre 2019, elle a été déclarée coupable d’avoir relayé de la « propagande en faveur de relations sexuelles non traditionnelles auprès des mineurs » et condamnée à une amende de 50 000 roubles (865 euros). En juillet 2020, elle a été condamnée à une amende de 75 000 roubles (1 300 euros).
Le 3 juin 2022, le ministère de la Justice a inscrit Ioulia Tsvetkova sur son registre des « agents étrangers », dont il se sert pour restreindre les ONG indépendantes, les organisations médiatiques et les militant·e·s.