Biodiversité. L’accord de la COP15 sur la biodiversité est « une occasion manquée » de protéger les droits des peuples autochtones
Le cadre mondial pour la biodiversité adopté lors de la conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15) à Montréal, qui vise à préserver la biodiversité à l'échelle mondiale en appelant les États à s'engager à protéger 30 % de la planète à des fins de conservation d'ici 2030, est une occasion manquée de protéger les droits des peuples autochtones, a déclaré Amnistie internationale le 19 décembre 2022.
Cet accord, connu sous le nom d'accord « 30 x 30 », fixe des objectifs importants visant à enrayer le déclin alarmant de la biodiversité observé au cours des dernières décennies. Lors de la COP15, les États n'ont toutefois pas reconnu explicitement les terres et territoires des peuples autochtones comme une catégorie distincte de zones conservées, ce qui menace finalement leurs droits.
« Cette COP15 offrait une occasion unique de fixer des objectifs ambitieux visant à protéger la diversité de la flore et de la faune de la planète. Si l'accord contient plusieurs objectifs environnementaux et garanties en matière de droits humains d’une importance capitale, pour lesquels les États devront désormais rendre des comptes, il ne protège ni ne défend pleinement les droits des peuples autochtones, a déclaré Chris Chapman, conseiller à Amnistie internationale sur la question des droits des peuples autochtones.
« Dans le cadre mondial pour la biodiversité adopté aujourd'hui lors de la COP15, les États présents n'ont pas entièrement intégré la demande de ces peuples de voir leurs terres et territoires pleinement reconnus comme une catégorie de zones conservées, requête qui visait à les protéger des prédations qu'ils subissent souvent dans des zones telles que les parcs nationaux gérés par les États.
« Aussi les États n'ont-ils pas pleinement reconnu l'immense contribution des peuples autochtones à la préservation de la biodiversité, ce qui les expose davantage aux violations des droits humains.
« Le cadre mondial pour la biodiversité négocié lors de la COP15 ne reconnaît que partiellement la contribution exceptionnelle des peuples autochtones à la conservation. Bien qu'ils ne représentent que 5 % de la population mondiale, leurs terres abritent 80 % de la biodiversité de la planète.
« Au cours des quatre années de négociation de l’accord, les protections de leurs droits ont été considérablement renforcés, grâce au travail inlassable des dirigeant·e·s et des militant·e·s concernés. »
Indépendamment des garanties contenues dans le document, certains peuples autochtones restent opposés aux appels en faveur de l'extension des zones protégées, car des violences effroyables y sont commises dans de nombreux pays.
La biodiversité est un élément essentiel d'un environnement sain. Dans une résolution historique adoptée cette année, l'Assemblée générale des Nations unies a reconnu le droit à un environnement sain en tant que droit fondamental, ce qui pourrait transformer les efforts déployés pour lutter contre le changement climatique et protéger le droit à vivre dans la dignité de milliards de personnes. Ne pas s'attaquer à la perte de biodiversité aura de graves répercussions pour les générations futures, qui hériteront des conséquences irréversibles.
« Au regard des lacunes de ce cadre, il sera absolument crucial de suivre la mise en œuvre de l'accord et de lutter contre les violations des droits humains découlant de la création de zones protégées », a déclaré Chris Chapman.
Complément d’information
La COP15, qui s'est déroulée du 7 au 19 décembre à Montréal, était organisée pour discuter de la mise en œuvre de la Convention sur la diversité biologique, un accord adopté en 1992. Le but était de fixer des objectifs spécifiques pour 2030 et des orientations pour 2050.
Amnistie internationale souligne qu'il est urgent de s'attaquer à la perte de biodiversité, car c’est une étape essentielle vers la justice climatique et la protection du droit de vivre dans un environnement sûr, propre et durable.