Honduras. Il faut que la famille de Berta Cáceres obtienne justice et réparations dès que possible
Mercredi 18 mai, le tribunal pénal ayant compétence nationale à Tegucigalpa, au Honduras, doit prononcer une condamnation contre David Castillo, ancien gérant de l’entreprise Desarrollos Energéticos et responsable du projet hydroélectrique Agua Zarca, qui a été déclaré coupable, il y a neuf mois, de participation, en tant que co-auteur, à l’assassinat de Berta Cáceres, défenseure des droits humains, en 2016.
« Savoir quelles sanctions seront prononcées contre les personnes ayant pris part au crime atroce perpétré contre la responsable autochtone Berta Cáceres marque un tournant dans la quête de vérité, de justice et de réparation de sa famille, qui attend cela depuis plus de six ans. Les autorités honduriennes doivent se montrer à la hauteur et garantir que la sentence, notamment son exécution, respecte les normes les plus exigeantes en matière de droits humains, garantissant ainsi que l’assassinat de Berta ne reste pas impuni », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnistie internationale.
« Malheureusement, ceci n’est pas la fin du processus. Dans le monde entier, on espère que toute la lumière sera faite sur l’assassinat de Berta Cáceres, afin que l’ensemble des personnes responsables soient amenées à rendre des comptes. Le cas de Berta Cáceres doit permettre d’établir un précédent en termes d’accès à la justice pour les défenseur·e·s des droits humains au Honduras, qui continuent à perdre la vie afin de protéger notre planète. »
Complément d’information
Le 2 mars 2016, Berta Cáceres, courageuse défenseure de l’environnement et des droits des personnes autochtones, a été abattue par des hommes armés à son domicile, à Intibucá (Honduras). Elle était la coordinatrice du Conseil civique d'organisations populaires et indigènes du Honduras, et a milité contre le projet de barrage hydroélectrique Agua Zarca, et l’impact qu’il aurait sur le territoire du peuple indigène Lenca.
Les personnes qui défendent les droits humains au Honduras continuent à être victimes d’attaques, en toute impunité. L’assassinat est le plus grand danger pesant sur les défenseur·e·s de l’environnement dans ce pays, qui, selon Global Witness, présente le deuxième taux d’homicide par habitant·e le plus élevé au monde. Le début de l’année 2022 a été particulièrement meurtrier au Honduras pour la défense de l’environnement, puisque deux militant·e·s ont été retrouvés morts en janvier.
Amnistie internationale a aussi recueilli des informations sur diverses menaces, notamment les disparitions de défenseur·e·s de l’environnement. Pour l’heure, on ne sait toujours pas où se trouvent quatre membres de la communauté autochtone garífuna appartenant à l’Organisation fraternelle noire du Honduras, disparus depuis juillet 2020.
Malgré la gravité des attaques visant ces personnes, le Honduras n’a pas signé l’Accord d’Escazú, premier traité de défense des droits environnementaux en Amérique latine et dans les Caraïbes, en vertu duquel les États signataires sont tenus de protéger les défenseur·e·s de l’environnement, et qui est entré en vigueur le 22 avril 2021.