• 6 juin 2022
  • Canada
  • Communiqué de presse

Le Canada et la Colombie-Britannique doivent mettre fin au harcèlement des défenseur.e.s des droits et se conformer aux appels à l’action des Nations unies

Le Réseau action climat Canada, Amnistie internationale Canada francophone et cinquante-sept autres organisations de la société civile ont envoyé aujourd’hui une lettre au Premier ministre Justin Trudeau et au Premier ministre de la Colombie-Britannique John Horgan, leur demandant de se conformer au Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale (CEDR) et de retirer la police et les forces de sécurité des territoires Wet’suwet’en et Secwepemc.

Ces dernières semaines, la surveillance policière et le harcèlement à l’encontre des défenseur.e.s des terres des Wet’suwet’en se sont intensifiés alors que Coastal GasLink se prépare à forer sous la Wedzin Kwa, la source sacrée des Wet’suwet’en. Les chefs héréditaires des cinq clans Wet’suwet’en – dont le titre sur les terres est reconnu par la Cour suprême – ont refusé de donner leur consentement au projet, qui menacerait une source importante d’eau potable pour les communautés du territoire et un site de reproduction du saumon sauvage.

L’intimidation et le harcèlement quotidiens des défenseur.e.s des terres par les agents de la GRC se poursuivent depuis des mois. Les résident.e.s rapportent que la GRC coupe les chaînes et les verrous de leurs portes, qu’ils sont menacé.e.s d’arrestation et d’amende et qu’on les empêche de s’organiser. L’automne dernier, le Canada s’est fait condamner au niveau national et international après que la GRC ait utilisé des tactiques violentes pour pénétrer dans une petite maison et arrêter des défenseur.e.s des terres non armé.e.s. Le 1er juin, la Couronne de la Colombie-Britannique a inculpé 15 manifestants contre le gazoduc Coastal GasLink d’outrage criminel et pourrait inculper 10 autres personnes bientôt.

Le Chef Na’Moks, chef héréditaire le plus haut gradé du Tsayu (clan du castor) de la nation Wet’suwet’en, s’est exclamé: « Bien que le Canada ait enchâssé la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), il ne la respecte certainement pas. Ils continuent leurs tactiques mises en place depuis le contact, seulement avec des formulations et des langages différents. Pour vraiment faire respecter la DNUDPA, ils doivent montrer l’honneur de la couronne, il n’y a aucun honneur dans leur utilisation continue de la force lorsque les nations autochtones ne sont pas d’accord avec leurs décisions. »

Parallèlement, les Tiny House Warriors, un groupe de femmes Secwepemc, ont été la cible de surveillance et d’intimidation pour avoir résisté au pipeline Trans Mountain, qui appartient à une société d’État fédérale et pour lequel le Canada a récemment garanti un prêt de 10 milliards de dollars. Un membre de la nation Tsleil-Waututh a récemment été condamné à une peine de prison pour avoir protesté contre l’expansion du pipeline sur sa propre terre ancestrale non cédée – un autre signe de la criminalisation continue par le Canada des défenseurs de la terre et de l’eau.

Le 29 avril 2022, le CEDR a envoyé une lettre condamnant les gouvernements du Canada et de la Colombie-Britannique pour avoir « intensifié leur recours à la force, à la surveillance et à la criminalisation des défenseur.e.s des terres et des manifestant.e.s pacifiques afin d’intimider, d’éloigner et d’expulser de force les nations Secwepemc et Wet’suwet’en de leurs terres traditionnelles » (traduction libre).

Cette troisième lettre envoyée au gouvernement canadien fait suite au rappel par le CEDR, en 2020, de l’obligation d’obtenir un consentement libre, préalable et éclairé, et à sa décision de 2019 demandant au Canada, entre autres, de cesser immédiatement la construction du pipeline Trans Mountain, du barrage du site C et du gazoduc Coastal GasLink ; de mettre fin aux expulsions forcées des peuples Secwepemc et Wet’suwet’en ; de garantir qu’aucune force ne sera utilisée contre eux ; et de retirer la GRC et les forces de sécurité et de police associées.

Les groupes environnementaux, des droits humains, de la foi et des mères et grands-mères qui ont signé la lettre d’aujourd’hui condamnent la violence coloniale contre les défenseur.e.s des terres. Ils exigent que les gouvernements du Canada et de la Colombie-Britannique se conforment immédiatement à la décision du CERD et répondent à la lettre comme demandé avant le 15 juillet 2022. Ils exhortent le Premier ministre Trudeau et le ministre Horgan à accepter l’invitation des chefs héréditaires Wet’suwet’en à les rencontrer, à engager un dialogue constructif sur le gazoduc Coastal GasLink, et à respecter les lois, l’autodétermination et le consentement libre, préalable et éclairé des nations Wet’suwet’en et Secwepemc.