Canada. Visite et excuses du pape – des paroles aux gestes
Amnistie internationale tient à exprimer son respect et son soutien à tous les survivantes et survivants des pensionnats autochtones, externes ou pensionnaires, à leurs familles, à leurs communautés et à leurs Nations, en cette semaine de visite papale. Le 25 juillet, le pape François (Jorge Mario Bergoglio) a offert ses excuses, attendues depuis bien trop longtemps par les personnes survivantes. Pour de nombreuses personnes, cette visite du pape au Canada ainsi que les paroles qu’il a prononcées ont fait ressortir des traumatismes et des émotions très fortes. Ces paroles seront entendues et perçues différemment par celles et ceux qui ont vécu l’expérience des pensionnats, et toutes les opinions et les sentiments qu’elles évoquent sont valables et méritent le respect. En tant qu’organisation des droits humains, nos pensées vont vers ces nombreux enfants et jeunes qui ne sont jamais rentrés à la maison, et vers leurs familles qui les pleurent encore.
Nous reconnaissons qu’il s’agit là d’un moment important pour de nombreux Autochtones, et pour les Autochtones catholiques, pour qui cette visite papale et les excuses prononcées constituent un élément important de leur guérison. Il leur appartient donc, en tant que personnes et que communautés, de décider s’ils les acceptent ou non, et de choisir la voie à suivre dans les semaines et les mois qui viennent.
Comme le pape lui-même l’a dit, s’excuser ne suffit pas. Il s’agit d’un geste vide s’il n’est pas accompagné d’actions concrètes, de transparence, de reddition de comptes et de réparation. Les Canadiennes et Canadiens non autochtones doivent profiter de ce moment pour réfléchir et soutenir le travail remarquable des peuples autochtones et de leurs communautés dans leur recherche de vérité et de justice, pour rassembler et analyser les preuves, soutenir les personnes survivantes, et se faire entendre au niveau national et international pour la reconnaissance et la restitution de leurs droits.
Pour sa part, le gouvernement canadien, et d’autres institutions comme la Gendarmerie royale du Canada, ont encore beaucoup de chemin à faire pour mettre en œuvre les 94 Appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation. Amnistie internationale continue de presser le Canada d’agir sans délai relativement à ces recommandations et à d’autres, dont les 231 Appels à la justice émanant de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
Le complexe processus d’une réconciliation véritable au Canada ne peut se faire sans la recherche de la vérité, et sans qu’on mette fin aux gestes de violence coloniale qui sont toujours présents. Le Canada ne doit pas utiliser la visite et les excuses du pape pour couvrir sa propre responsabilité quant aux lois et aux politiques qui visent à éradiquer les cultures, les langues et les Nations autochtones et à briser les liens des enfants avec leur identité autochtone.
La National Indian Residential School Crisis Line (une ligne d’écoute nationale pour les survivants des pensionnats autochtones) est disponible 24 heures sur 24 pour soutenir les ancien·ne·s élèves des pensionnats autochtones et leurs familles, sans frais, au 1-866-925-4419. Les Premières Nations, les Inuits et les Métis qui ont besoin de soutien émotionnel immédiat peuvent contacter la Ligne d’écoute d’espoir, sans frais, au
1-855-242-3310 – ou clavarder en ligne à l’adresse suivante : www.espoirpourlemieuxetre.ca.