Arabie saoudite. Les peines infligées à des Égyptiens nubiens qui ont organisé un événement commémoratif pacifique doivent être annulées
Réagissant aux informations indiquant que le Tribunal pénal spécial saoudien a condamné 10 Égyptiens nubiens à des peines de 10 à 18 ans d’emprisonnement pour avoir organisé un événement commémoratif pacifique, Diana Semaan, directrice adjointe par intérim du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnistie internationale, a déclaré :
« Il s’agit d’une parodie de justice, car ces hommes ont été condamnés à plus de 10 ans d’emprisonnement uniquement parce qu’ils ont organisé un événement communautaire pacifique. Ils n’auraient jamais dû être arrêtés, et encore moins jugés par le tristement célèbre Tribunal pénal spécial. Ces peines doivent être annulées, et ces hommes doivent être libérés immédiatement et sans condition. Ils avaient déjà passé presque 16 mois en détention sans inculpation et ont subi de très nombreuses violations flagrantes lors de procès iniques, uniquement parce qu’ils ont exercé leurs droits humains.
« Les autorités saoudiennes doivent également veiller à ce qu’ils puissent accéder pleinement à des soins de santé en attendant leur libération, en particulier les hommes âgés qui souffrent de graves problèmes de santé comme le diabète et des troubles cardiovasculaires.
« L’Arabie saoudite continue de bafouer les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique tout en donnant d’elle l’image trompeuse d’un pays qui procède à des réformes progressistes. Les autorités doivent de toute urgence protéger le droit de s’exprimer librement de façon individuelle ou collective, pour toutes les personnes dans le pays, y compris pour les minorités ethniques. »
Complément d’information
Ces 10 hommes ont été arrêtés une première fois le 25 octobre 2019 peu avant leur participation à un événement qu’ils avaient organisé portant sur le conflit israélo-arabe de 1973.
Le 25 décembre 2019, ils ont été libérés sans inculpation, mais avec interdiction de quitter le territoire dans l’attente des suites de la procédure. Ils ont été de nouveau arrêtés en juillet 2020 et détenus au secret sans pouvoir communiquer avec leur famille ni avec leurs avocats pendant les deux premiers mois de leur détention.
Ces 10 Égyptiens nubiens sont : Adel Ibrahim Faqir, Farjallah Ahmed Youssef, Jamal Abdullah Masri, Mohamed Fathallah Gomaa, Sayyed Hashem Shater, Ali Gomaa Ali Bahr, Saleh Gomaa Ahmed, Abdulsalam Gomaa Ali Bahr, Abdullah Gomaa Ali et Wael Ahmed Hassan Ishaq. Ils sont tous membres d’associations nubiennes informelles.
Lors de leur première audience devant le Tribunal pénal spécial, le 10 novembre 2021, ils ont rencontré leur avocat pour la première fois depuis presque 16 mois.
Le 10 octobre 2022, ils ont été condamnés au titre de la législation antiterroriste saoudienne pour avoir créé une association sans y avoir été autorisés, publié des informations sur les médias sociaux, et affiché leur solidarité avec les Frères musulmans, une organisation islamiste sunnite interdite en Arabie saoudite. Selon un proche de l’un de ces hommes, les familles n’ont pas été autorisées à assister à l’audience consacrée au prononcé de la peine.