Angola. Il faut que les autorités répondent de la disparition d’un enfant de 5 ans après une opération violente à Ndamba
Il faut que les autorités angolaises indiquent où se trouve le garçon de 5 ans qui a disparu après que la police a fait irruption chez les Mucubai de Ndamba, dans la banlieue de Moçâmedes, capitale de la province de Namibe. Lors de cette opération, la police a incendié 16 maisons ainsi que des effets personnels, comme des couvertures, des vêtements et des bidons d’eau, a déclaré Amnistie internationale le 20 octobre 2022.
Mbapamuhuka Caçador, 5 ans, a disparu à la suite de l’intervention menée le 12 octobre par la Police d’intervention rapide, laquelle avait été déclenchée par un conflit foncier. Les habitant·e·s craignent que cet enfant ait été brûlé vif dans une des maisons attaquées par la police, qui s’est livrée à un déchaînement de violence à l’encontre de la population.
« La disparition de Mbapamuhuka Caçador à Ndamba à la suite d’une opération policière s’apparente à une disparition forcée, qui constitue un crime de droit international. Il faut que les autorités angolaises fassent tout leur possible pour le retrouver sain et sauf, a déclaré Muleya Mwananyanda, directrice du programme Afrique de l’Est et Afrique australe à Amnistie internationale.
« Par ailleurs, il est extrêmement choquant que la police soit intervenue avec autant de force et de brutalité pour résoudre un problème privé. La police est là pour protéger et non pour terroriser la population.
« Il faut que les autorités diligentent une enquête rapide, approfondie, impartiale, indépendante et transparente sur les circonstances dans lesquelles Mbapamuhuka Caçador a disparu, en rendent les conclusions publiques et traduisent en justice, dans le cadre de procès équitables, toute personne présumée responsable. Les autorités doivent garantir aux victimes un accès à la justice et à des recours effectifs. »
Un déchaînement de violence contre la population
L’opération a été dirigée par le fils de M. Cunha, ancien chef (aujourd’hui décédé) de la police de la province de Namibe, dans le sud de l’Angola. L’attaque a été lancée pour le compte de la veuve de M. Cunha, Antonia Fernanda, dans le cadre d’une campagne visant à s’octroyer par la force les terres des Mucubai qui jouxtent son exploitation agricole commerciale.
« Il faut que les autorités fassent en sorte que les Mucubai ne soient pas expulsés de leurs terres et que leur bien-être et leurs moyens de subsistance soient assurés », a déclaré Muleya Mwananyanda.
Les habitant·e·s et les témoins ont déclaré que la police était arrivée à Ndamba dans l’après-midi pour attaquer et incendier des maisons ainsi que tout leur contenu (couvertures, draps, matelas, vêtements, chaussures, nourriture et bidons d’eau). La police a aussi détruit des jardins potagers et tué du bétail appartenant à des membres de la minorité ethnique mucubai.
Cinq personnes ont été arrêtées, puis libérées sans inculpation le 13 octobre. Il s’agit de Jose Mbapiluka, Mbakahako Muandjissamo, Mukamuavia Mbakahako, Tchimupepa et Zacarias. Mbakahako a été contraint par la police à inhaler un gaz toxique jusqu’à l’évanouissement. Alors qu’il était inconscient, des policiers l’ont menotté et jeté dans une de leurs voitures.
Complément d’information
Les expulsions forcées de populations rurales comme celles-ci sont courantes en Angola, en particulier dans le sud, où des personnes puissantes liées au Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), le parti au pouvoir, s’accaparent les pâturages communautaires des pasteurs traditionnels, accentuant la vulnérabilité de ceux-ci, surtout face à l’insécurité alimentaire et hydrique. Les Mucubai sont une minorité du sud de l’Angola, opprimée et marginalisée sur les plans économique, social et politique.