Facebook et d’autres entreprises « risquent de devenir un instrument de la censure de l’État »
En réaction à l’annonce faite par Facebook, selon laquelle l’entreprise va désigner une personne pour la représenter en Turquie conformément aux dispositions d’une nouvelle loi draconienne relative aux réseaux sociaux, Milena Buyum, chargée de campagne sur la Turquie à Amnistie internationale, a déclaré :
« Au cours des dernières semaines, nous avons vu les entreprises, l’une après l’autre, appliquer une nouvelle loi draconienne qui étouffera la contestation.
« À la suite de cette décision, Facebook, Google, Youtube et d’autres entreprises risquent de devenir un instrument de la censure de l’État. Elles doivent nous dire, ainsi qu’à leurs utilisateurs en Turquie, quelles mesures concrètes elles prendront pour l’empêcher. »
Sarah Clarke, directrice du programme Europe et Asie centrale de l’organisation Article 19, a déclaré :
« Nous appelons les entreprises de réseaux sociaux à ne pas contribuer à la censure des contenus en ligne en Turquie et à ne pas exposer leurs utilisateurs au risque d’une arrestation arbitraire et de poursuites en livrant leurs données personnelles aux autorités turques.
« Facebook et les autres entreprises technologiques qui établissent une présence en Turquie doivent maintenant révéler publiquement les mesures spécifiques qu’elles prendront pour respecter le droit à la liberté d’expression, malgré la pression qu’elles subiront certainement de la part des autorités et le manque d’indépendance de la justice. »
COMPLÉMENT D’INFORMATION
L’interdiction de revenus publicitaires pour les plateformes de réseaux sociaux comptant plus d’un million d’utilisateurs quotidiens qui ne respecteraient pas l’obligation imposée par les autorités turques de nommer un représentant légal dans le pays doit entrer en vigueur mardi 19 janvier. Concrètement, cette interdiction empêcherait quiconque de diffuser de la publicité sur ces plateformes, ce qui entraînerait une perte de revenus considérable pour elles.
Il incombe aux entreprises de respecter les droits humains en prenant des mesures préventives pour éviter de causer des atteintes aux droits humains ou d’y contribuer, en cessant toute activité qui donne lieu ou contribue à de telles atteintes et en remédiant à tout préjudice qu’elles pourraient avoir causé ou auquel elles pourraient avoir contribué.